abf Bulletin d'informations no192,
3e trimestre 2001
Association des bibliothécaires français |
La commission Veille existe-elle ?
auto-interview de Pierre-Yves Duchemin par Dominique Lahary et vice-versa
1. D'où vient la veille ?
- Dites-moi d'où vient cette commission ?
- De la commission information bibliographique, en 1993
- Ah, c'est celle qui a commis cette bible sur l'information bibliographique ?
- Exactement, le numéro 163 du Bulletin d'informations(1).
- Mais dites-moi, ça a duré longtemps ?
- Non, pas du tout, un an seulement. Dès 1994 elle se transformait en " Observatoire de l'information bibliographique et documentaire ".
- En abrégé " L'Observatoire de l'information bibliographique ", ou " L'Observatoire bibliographique " ?
- Non, par pitié, ne nous appelez plus comme ça, ça sent son siècle passé. Nous voulions justement, dès 1994, dépasser le cadre étroit de l'information bibliographique pour aborder l'information numérique de façon globale.
- Et qu'avez-vous fait ? Encore une bible ?
- Oui, le numéro 174 du Bulletin(2). Et nous avons tenu une rubrique régulière, " Le coin de l'Observatoire ".
- Et vous avez disparu ?
- ... pour renaître sous le nom de " commission Veille ". Sur une commande du nouveau Bureau national constitué en l'an 2000.
- Dîtes-moi, c'est comme " la fureur du temps de lire en fête ", on ne se souvient jamais de votre nom. Et le Bureau national n'avait-il pas parlé de " veille technologique " ?
- C'est exact, mais l'adjectif " technologique est un peu réducteur ". La veille est aussi celle des pratiques et usages, elle est sociologique, stratégique, et j'en passe.
2. La veille est en veille
- Alors dites-moi qu'avez-vous fait depuis le dernier congrès- Nous nous sommes réunit deux fois à l'automne.
- Et depuis ?
- Plus de réunion.
- Et des publications ?
- Un article, " Vers une révolution dans la conception des catalogues... et bien au-delà ", par Pierre-Yves Duchemin et Dominique Lahary(3), mais pas de " Coin ". D'ailleurs, nous ne savions plus comment l'appeler.
- Et vous aviez lancé il y a quelque temps Sitebib, coopération entre sites Web en sciences de l'information. Où en êtes-vous ?
- Une réunion en octobre 2000, depuis c'est en roue libre.
3. ... mais une veille active
- Mais dîtes-moi ce n'est pas sérieux ça, pour des gens qui veulent faire de la stratégie- C'est que nous avons eu beaucoup de travail par ailleurs.
- Vous allez me parler d'Enrichi ?
- Oui, la concertation pour une information bibliographique enrichie, lancée au congrès de l'ABF de 1999 à La Rochelle. A partir de l'intuition selon laquelle la situation était mûre pour un enrichissement des catalogues par des éléments qui n'y avaient jamais figuré, comme l'image de couverture et le stables des matières, nous avons rapidement pris en compte le cas des documents électroniques accessibles en ligne, pour aboutir à la nécessité de dépasser les normes et formats propres au monde des bibliothèques pour participer au mouvement d'unification des structures et des formats dans le contexte actuel de la globalisation (la fameuse " mondialisation ") dont la documentation électronique constitue un élément essentiel.
- Et ce nous, c'est qui ?
- Des bibliothécaires, documentalistes, archivistes, mais aussi leurs fournisseurs de données et de systèmes, pour la plupart représentants de sociétés privées.
- Cela fait plusieurs terrains d'action ?
- Pour l'essentiel, deux. A court terme, il nous faut trouver des solutions immédiates dans le cadre normatif existant, c'est-à-dire du format d'échange Unimarc. A la demande de la France, le comité permanent Unimarc de l'IFLA a en février dernier traité de l'intégration du texte structuré des tables des matières dans une notice bibliographique. A moyen terme, la lame de fonds qui emporte tous ceux qui sont concernés par la gestion de l'information, primaire ou secondaire, des bibliothèques au commerce électronique en passant par les archives, porte un nom : XML.
- Qu'est-ce que c'est ? Un format ?
- L'eXtended Mark-up Language propose un principe général de structuration d'un document, beaucoup plus riche et souple qu'un format MARC. Mais ce n'est pas l'équivalent de nos formats bibliographiques. Il fournit une syntaxe générique, mais il faut encore définir les éléments constitutifs d'un type de document. C'est le rôle des DTD (définition de type de document) ou des schémas XML.
- Et comment s'informer sur ces questions ?
- En consultant le site Enrichi : http://www.abf.asso.fr/enrichi qui propose notamment une liste de liens vers de nombreux documents en anglais et en français pour s'initier, se perfectionner, suivre les évolutions du dossier. On peut aussi prendre connaissance des supports de présentation de la journée d'étude organisée le 30 mars par l'ABF et Médiadix sur le thème " L'avenir des formats de données "(4).
4. Missions et rôle dans le fonctionnement de l'ABF
- Si je comprends bien, la veille a été active, mais surtout hors de la commission ?- C'est cela même. La commission Veille a été virtuelle, ce qui correspond, comme chacun sait, à une forme non négligeable de réalité.
- Comment voyez-vous vos missions ?
- Nous nous voyons comme des pédagogues, mais aussi un peu comme des missionnaires des nouvelles techniques et des nouveaux outils. Ce faisant, nous avons conscience d'être des agents de liaison de la globalisation. Enfin nous jouons le rôle d'exécuteurs des bases œuvres numériques du Bureau national.
- C'est-à-dire ?
- Nous avons mis au point la nouvelle version du site web de l'ABF lancée en mai 2000 : maquette d'Alain Caraco, arborescence de Pierre-Yves Duchemin mis en œuvre par Dominique Lahary, la mise à jour des pages nationales étant effectuée par Odile Fey, du secrétariat permanent. Nous avons pour monter l'exemple muni les pages de métadonnées, sorte de catalogage de chaque page(5) qui permet la recherche et l'affichage grâce au moteur de recherche installé pour Sitebib par Elizabeth Cherhal. Mais nous n'assurons par la responsabilité quotidienne du site et attirons l'attention du Bureau national sur la nécessité d'un rédacteur en chef, qui mette en œuvre une véritable politique de publication et de communication.
- Et le forum ?
- Le forum par messagerie électronique réservé aux adhérents de l'ABF a été mis en œuvre par Pierre-Yves Duchemin à la demande du Bureau national.
5. Perspectives
- Qu'allez-vous faire à la rentrée ?- Pour le moment, nous n'en sommes qu'aux questions. Faut-il reconstituer une équipe ? Ressusciter une rubrique du Bulletin ? Refaire une bible ? D'autres journées d'étude ? Nous allons débattre de tout cela à la rentrée, et les suggestions peuvent être bienvenues.
- Et pourquoi est-il important que ces travaux soient pris en charge par l'ABF ?
- C'est fondamental. Notre association a naturellement d'autres dossiers à mener à bien, mais il nous semble capital qu'elle joue un rôle actif et sache se positionner dans cette période d'intense renouvellement et brassage des techniques, des standards et des métiers.
- Pour conclure, quel serait votre dernier mot ?
- La veille est une arme stratégique. Poursuivons-la !
Notes
(1) " L'information bibliographique : souces, pratiques, accès ". Bulletin d'informations de l'ABF n°163, 1994.
(2) " La Bibliothèque en ligne ". Bulletin d'informations de l'ABF n°174, 1997.
(3) " Vers une révolution dans la conception des catalogues... et bien au-delà ". Bulletin d'informations de l'ABF n°188, 2000.
(4) L'avenir des formats de données, journées d'étude du 30 mars 2001 organisée par l'ABF et Médiadix. http://www.abf.asso.fr/enrichi/avenirformats.htm.
(5) Pour visualiser les métadonnées d'une page du suite de l'ABF, affichez le fichier source (menu Affichage/Source du navigateur Internet Explorer par exemple). Le moteur de recherche sur le site de l'ABF est accessible de la page d'accueil.