Actes de la
journée d’étude professionnelle
organisée le 31 mai 2007 au
Centre culturel de Taverny
par :
le
Conseil général du Val d'Oise,
Bibliothèque départementale - 28
avenue du Général-Schmitz - 95300 Pontoise
Tél. : 01 30 30 33 34 – Fax 01 30 30 54 00 - bdvo@valdoise.fr – http://bibliotheques.valdoise.fr
Cible
95 (Coopération interbibliothèques
pour la lecture et soin expansion dans le Val d’Oise)
7 rue Saint-Flaive – 95120 Ermont
- Tél. 01 39 44 19 90 - cible95@wanadoo.fr - http://www.cible95.net
Adiam
Val d'Oise (Association départementale
d’information et d’actions musicales, chorégraphiques et théâtrales) - Hôtel du Département, avenue du Parc - 95032
Cergy-Pontoise - Tél. 01 34 25 30 67
Les actes de cette journée sont publiés avec
l’aimable autorisation des intervenants. Qu’ils en soient ici remerciés. Les
enregistrements ont été transcrits et mis en forme par Philippe Souchu puis
revus et validés par les auteurs.
Programme
Ouverture par Véronique Flageollet-Casassus,
directrice de l’Action culturelle du Conseil général du Val d’Oise
Mot de bienvenue par Hélène Hollebeke-Nicolas, directrice de la Médiathèque
de Sannois, présidente de Cible 95
1- QUE
SE PASSE-T-IL ? LE CONTEXTE
Modérateur :
Fabrice Hubert, chargé de mission Musiques actuelles ADIAM Val d'Oise,
musicien (ex Tahiti 80, groupe actuel Yé-Yé)
Du cylindre au MP3 : format
du support enregistré, esthétique et réception des œuvres par Gérôme
Guibert
Les voies diverses de la musique numérique aujourd’hui
par Xavier Galaup
Communautés, blogs, publics
producteurs… comment la cocréation de valeur remplace la simple consommation
musicale par Borey Sok
Débat
2- QUE
FAISONS-NOUS ? LES EXPERIENCES
Modérateur
: Gilles Pierret, directeur de la Médiathèque musicale de Paris,
co-directeur de l’ouvrage Musique en bibliothèque, Cercle de
la librairie, 2002, membre du CA de l'ACIM (Association de Coopération des
professionnels de l'Information Musicale)
A
Troyes avec Louis Burle
A Limoges avec Manuela
Geirnaert
A Dole avec Nicolas Blondeau
A Viroflay avec
Marie-Christine Jacquinet
Débat
3- OU
ALLONS-NOUS ? LES ENJEUX
Modérateur
: Gilles Pierret
La musique a-t-elle encore sa place dans les
médiathèques ? par Gilles Rettel
Le contexte juridique d’hier
à demain par Yves Alix
Débat
La place de
la médiathèque dans le système global de diffusion culturelle : un
nécessaire repositionnement
par Dominique Lahary
Directeur de la
Bibliothèque départementale du Val d'Oise
Vice-président de
l'Association des Directeurs de BDP,
http://www.lahary.fr/pro
et http://lahary.wordpress.com
A Philippe Souchu, qui depuis tant d’années a fourni
la version écrite des journées d’étude de l’Association des directeurs de BDP
et deux du Conseil général du Val d’Oise. Le présent texte est sa dernière
transcription, puisqu’il abandonne cette activité.
Je voudrais tout d’abord remercier la Ville de Taverny, son
Centre culturel, mais aussi sa Médiathèque, qui a prêté du matériel et à
laquelle nous devons beaucoup pour la réussite de cette journée.
Je remercie également les partenaires de cette journée : l'ADIAM et Cible 95. J'ai été le seul de la Bibliothèque départementale à avoir été cité ce mati Je souhaite que soient également remerciées maintenant les personnes de mon équipe qui ont contribué à cette journée : Patrick Goczkowski, responsable du secteur musique, Jean-Pierre Lepezron, responsable logistique, Laurent Gaillard, à qui on doit la maintenance technique, enfin Béatrice Guillou et Martine Mitsch qui ont assuré depuis de longs jours l'administration de cette journée.
Je
vous propose avant de nous séparer, sous l’intertitre Synthèse, quelques
propos inspirés par les interventions qui se sont succédé, puis, sous
l’intertitre Élargissement, une proposition de problématique qui justifie le
titre de mes propos : La place de la médiathèque dans le système global
de diffusion culturelle : un nécessaire repositionnement.
Il a été
beaucoup question aujourd’hui d'utilisateurs actifs. Ce thème n'est pas
nouveau : les utilisateurs ont toujours fait ce que bon leur semble des
outils, y compris les détourner de l’usage qui leur avait été assigné. Mais la
nature des technologies de l’information, qu’on peut encore, puisque nous avons
plongé aujourd’hui jusqu’à la fin du XIXe siècle, qualifier de nouvelles,
facilitent cette activité des usagers et élargit le champ des détournements et
des usages imprévus. Aujourd'hui, ils partagent et ils redistribuent. Pour
reprendre la théorie du braconnage de Michel de Certeau rappelée par Gérôme
Guibert,[1]
opposant les braconniers qui se déplmacent dans le temps et les propriétaires
qui occupent l’espace, nous trouvons dans un monde où nous sommes tous propriétaires
et tous braconniers.
La fin du
monde, même si elle approche, n'est pas encore là. Nous changeons seulement de
modèles.
Et d’abord de modèle économique.
Nous sommes
passés de la rareté à l'abondance. Dans l’économie de la rareté, qui semblait
jusqu’à ces derniers temps indépassable, les biens ne sont pas interchangeable.
Qui donne se prive. Le troc ou l’échange d’un bien contre de la monnaie est la
règle.
Dans
l’économie de l’abondance, qui donne
possède toujours, et qui donne reçoit. C’est le côté non marchand. Mais il
existe aussi un côté marchand : on peut aujourd'hui organiser un système
de distribution de biens à partir de financements extérieurs à cet échange,
notamment par la publicité. Le principe n’est pas neuf, puisqu’on peut situer
son origine dans l’introduction de la publicité dans la presse par Emile de
Girardin en 1836. Mais le numérique en réseau lui donne l’occasion de se
développer à une échelle inégalée.
Nous
changeons également de modèle de médiation. Aux médiateurs installés qu’étaient
la radio, la télévision, la presse écrite… et les médiathèques, succède un âge
ou tout un chacun peu s’instituer médiateur. C’est l’âge de l’ego des égaux,
certains dirons du triomphe de l’amateurisme. Le bouche à oreille est vieux
comme le monde, mais le voilà mécanisé et mondialisé. Ce mouvement se passe
entre pairs, à partir de la singularité affirmée de chacun. Les artistes ont
compris ce mouvement. Borey Soc[2]
nous a montré comment, ils se médiatisaient eux-mêmes auprès de leurs fans, qui
devenaient ensuite chacun les promoteurs en retour de leur artiste.
La
pluralité de la médiation accompagne la diversification de la demande et de
l'offre représentée par la fameuse longue traîne[3] :
Dans ce
contexte, les bibliothécaires adoptent divers positionnements.
Traditionnellement, les rôles en bibliothèque étaient peu nombreux et faciles à
identifier. La collection jouait un rôle central dans notre activité.
Cette
centralité éclate et laisse la place à un véritable kaléidoscope de
pratiques :
-
Nous rediffusons, ce
que nous faisons déjà.
-
Nous publions, en
diffusant par exemple, comme cela a été montré, les musiciens qui passent sur
la scène locale.
-
Nous archivons. Nous
connaissons aujourd'hui un véritable retour de la problématique de la
conservation et du patrimoine : nous devons à la fois avoir une pratique
de sauvegarde numérique du patrimoine et de sauvegarde du patrimoine numérique.
-
Nous documentons. Ce
terme n'existait pas quand j'ai appris le métier… Et l'on parle même d'éditorialiser.
-
Nous agrégeons,
c'est-à-dire que nous publions, mais que nous rediffusons également ce qui nous
parvient sous forme de flux d'information.
-
Enfin, nous facilitons
la création.
Cela fait
beaucoup d'activités. La question se pose donc de l'emploi de notre temps.
Est-il vraiment raisonnable de sélectionner
un à un les titres ou n’allons pas plutôt être appelés à les agréger, au moment
où les références nous arrivent par flux continus ? N’est-il pas plus
utile d’éditorialiser que de cataloguer ?
Rediffuser,
publier, archiver, documenter, agréger, faciliter la création… Il serait
déraisonnable de faire cela chacun pour soi et chacun dans son coin. Nous
devons tous être les acteurs de cette diversité. Non pas des acteurs isolés, la
bonne gestion nous l'interdit, des acteurs fédérés, sans doute. A côté
d’établissements nationaux comme la Bibliothèque nationale de France ou la
Bibliothèque publique d’information, les associations ont un rôle absolument
nécessaire.
Agissons
ensemble, certes, mais nous ne sommes pas d'accord entre nous : cette
journée l'a montré.
Nous avons
beaucoup parlé de communautés (voire de communautarisme). Notre rôle est-il de
servir des segments de publics ou est-il d'être des généralistes ? Ces
discours sont contradictoires, comme la vie qui les porte, je ne tranche donc
pas et vous laisse dans cette tension. Mais je souligne au passage les travaux
de Bernard Lahire, sociologue dont il n'a pas été question aujourd'hui. Dans La Culture des individus[4],
il montre autant la transformation des pratiques culturelles que celle du
regard sociologique qui se porte sur elles : l'individu transgresse les
légitimités culturelles et devient éclectique.
Sur la
question de la recommandation, les positions sont aussi partagées :
quelqu'un qui n'est pas bibliothécaire à dit que les bibliothèques avaient un
rôle à jouer et quelqu'un qui est bibliothécaire a répondu : bof…
C'est le
retour du coup de cœur, dont je me suis longtemps méfié : pourquoi le
bibliothécaire ferait-il de sa subjectivité la mesure de ses relations
professionnelles avec le public ? Mais d'un autre côté, la communication
intersubjective est efficace. Nous le savons. C'est elle qui marche si bien sur
le net. Alors va pour les coups de cœur d'accord, à condition qu'il s'agisse aussi
de ceux des usagers !
Toute la musique tant que j’en veux quand je veux où
je veux comme je veux… C'est là le
nouvel impératif catégorique que nous a rappelé Gilles Rettel[5].
Notre offre, face ce changement de donne, se trouve bien réduite.
Qu’avons-nous
applaudi au cours de cette journée ? A ce qui nous confortait dans notre
rôle d’intermédiaire. À ce qui nous fait plaisir. Nous nous sommes donc
applaudis nous-mêmes. Méfions-nous-en.
Gilles
Rettel nous à dit que nous vivions une époque peu ordinaire. Ce qui est
extraordinaire est à la fois stimulant et terrifiant. Goûtons donc la période.
Jamais, en entrant dans ce métier, nous n'avons imaginé vivre une telle époque.
C'est une chance, mêle si c’est dérangeant et peut-être dangereux. Nous voyons se
multiplier les journées d’étude, une véritable tournée du cirque du grand
frisson. Messageries et blogs résonnent de points d’interrogation.
Les BDP ont
récemment reçu de l’une d’entre elles un questionnaire sur « l'activité et
l'évolution du secteur disque. » Je vous cite les questions 7 et 8 :
7. Jugez-vous réaliste la « mort
annoncée » du disque?
¨
Non, le secteur a encore un bel avenir devant lui…
¨
Oui, elle surviendra sous peu.
Commentaires : …………………….……………………………….…...
8. Quelle
perspective d'évolution envisagez-vous pour votre métier ?
¨
Le métier de discothécaire va connaître des bouleversements dans ses méthodes
de travail.
¨
L'avenir semble morose, le métier va certainement disparaître.
¨
Ne sait pas.
¨
Autre (préciser) ……………………….…………………….…………
Nous sommes
dans un environnement extrêmement concurrentiel si l'on se place du point de
vue des gens… que nous sommes : ils grappillent, ils vagabondent, ils
picorent, ils braconnent, ils butinent, ils empruntent, ils piratent. Ils
choisissent au coup par coup ce qui est le plus facile, le plus rapide, le
moins cher. Dans cette offre multiforme, la proposition de la médiathèque est
mise en concurrence avec l'ensemble du marché de l'offre.
Les mots clés de la période sont la dématérialisation et la
désintermédiarisation.
Dématérialisation,
vraiment ? Comme l’a rappelé Gilles Rettel, il y a toujours support
physique : des supports de mémoire, des ordinateurs, des câbles… ou des
ondes.
La
dématérialisation signifie simplement, mais c’est énorme, que la ressource
n'est pas exclusive : si je la prends, elle reste disponible. Internet et
sa technologie permettent la dissémination de cette ressource au fond
inépuisable. C'est le modèle de l'abondance.
Désintermédiarisation,
vraiment ? Google, par
exemple, c’est 8 000 salariés et des centaines de milliers de
serveurs ! Ce qu'on appelle désintermédiarisation, c'est le changement
d’intermédiaire, c'est l'absence apparente d’intermédiaire… et c'est la crise
des intermédiaires traditionnels, dont nous sommes.
Mais la désintermédiarisation,
c'est aussi la coopération, l'échange (blogs, wikis, pair à pair), c'est-à-dire
l'Internet « social » (au sens anglo-saxon du terme).
De ce
double point de vue de la dématérialisation et la désintermédiarisation, où se
situe traditionnellement la médiathèque ?
Le document est disponible ou il ne l’est pas.
La bibliothèque est ouverte ou fermée.
Dématérialisation ?
Non. Nous sommes donc encore dans l'univers de la rareté c’est-à-dire dans le
monde économique classique.
Désintermédiation ? Non plus. Nous faisons la sélection
et la médiation.
Mettons-nous
maintenant du point de vue de l'usager-consommateur. Ce qui frappe c’est la
diversité des modes d'appropriation :
-
un texte narratif est
lu une fois de bout en bout, parfois deux ;
-
un texte court
informatif est trouvé vite, lu vite, copié tout aussi vite ;
-
la musique, depuis
l'invention du walkman à la fin des années 1970, fait l’objet d'une
consommation répétitive et nomade ;
-
le cinéma suit le même
chemin.
On voit
bien sur quels segments la médiathèque résiste, sur lesquels elle ne constitue
déjà plus un effet d’aubaine. Là voilà grignotée par deux bouts : la
documentation et la musique, dans le nouveau contexte d’abondance.
Le mythe de
l’unité de la médiathèque est brisé. Entendons-nous bien : la médiathèque
a symbolisé, en France l’effort de modernisation des bibliothèques et a rénové
leur image auprès du public : elle était le lieu de mitoyenneté des
supports culturels et de la possibilité d'une pratique diversifiée. Le fait d’avoir
donné un nom (« médiathèque ») à cette modernisation, ce qui ne s’est
guère produit dans d’autres pays, a constitué une géniale une opération de
marketing collectif involontaire.
Mais en
réalité, ni les pratiques ni les publics n’ont fusionné. La médiathèque a constitué
un effet d’aubaine pour des pratiques différentes. Par exemple, les usagers
empruntaient les disques pour les copier et les rendre nomade, ce qu'autorisent
aujourd'hui plus facilement le peer to
peer et le MP3. C’est donc la même logique d'usage qui mène à la
médiathèque et qui plus tard conduit à l’ignorer. Le mythe de la médiathèque
s’effondre pan par pan.
Il faut
bien sûr continuer à agrandir, à construire des médiathèques, mais nous en
aurons une vision plus lucide, une approche plus diversifiée des publics et des
usages qu’elle peut favoriser.
Mais voilà
que la rareté est de retour ! Une logique commerciale la réintroduit dans
le règne de l'abondance par la fourniture d'oeuvres payantes sur Internet (streaming, fichiers verrouillés,
fichiers chronodégradables…), ou par la fourniture d'accès payants en ligne
(presse, encyclopédies, tutoriels…).
La
bibliothèque retrouve là son rôle traditionnel de pourvoyeur de la rareté.
C’est, si l’on ose dire, la bibliothèque numérique traditionnelle.
En
bibliothèque universitaire, c’est une pratique installée. Une information
scientifique et technique en ligne très onéreuse est fournie par de très gros
éditeurs à l'université qui est un intermédiaire obligé. C’est dans ce contexte
qu’on a forgé le concept de bibliothèque hybride.
Les
expériences pionnières d'accès aux ressources numériques en bibliothèques
restent dans le modèle de la rareté. La bibliothèque numérique, entendue ainsi,
est tout à fait traditionnelle. On constate cela massivement dans les bibliothèques
universitaires :
Mais
dans les bibliothèques publiques, le public est déjà saturé d'offres numériques
gratuites : il n'a pas l’impression d’avoir besoin de l’intermédiaire des
bibliothèques. La situation est donc beaucoup plus complexe. On s'en tire par
des services en ligne ; vous les connaissez : catalogue,
personnalisation, questions-réponses, blogs, interactivité et participation des
usagers… Mais attention ! L'Internet participatif est d'abord coopératif.
Les outils du web 2.0 sont des outils de coopération des gens entre eux. Ils ne
sont pas dans la logique institutionnelle. Les institutions se servent des
outils de la société civile pour renouveler leurs services. C’est un défi.
Il
ne saurait y avoir de bibliothèque dans la société de l’information sans
service à distance. Ce service à distance existe déjà dans la bibliothèque
traditionnelle. Le prêt est une pratique à distance. La bibliothèque permet la
nomadisation de l'objet-livre que les gens emportent chez eux. Dans le contexte
numérique, la bibliothèque à distance ce sont d’abord les services en
ligne :
-
des services de la
rareté : redistribution au besoin protégée d’œuvres et services acquis
légalement ;
-
mais aussi des
services de l’abondance : questions réponses, recommandation, etc.
Rappelons
nous ce slogan des murs de mai 1968 : « Nous voulons tout, tout de
suite ! » Il se réalise aujourd’hui dans le monde numérique, fondé
sur l’immédiateté et la désintermédiation, telle que nous avons cerné plus haut
ce terme. C’est la coexistence, voir la conciliation des marchés de masse et
des marchés de niche, ce qui est la définition même de la longue traîne. Nous
vivons l'exacerbation des demandes pointues individuelles : on ne peut
plus se contenter d'offrir simplement trois mille titres.
Nous assistons à une véritable
« bibliothéconomisation » de la société. Tout se passe comme si la
toile mondiale constituait un « système bibliothèque » globale. Car
la « fonction bibliothèques » est bien assurée : rechercher, s'approprier,
commenter, décrire, etc. Et ce grâce à de grands acteurs économiques, mais
aussi aux internautes eux-mêmes.
Dans ce
système bibliothèque global, il convient de trouver la place relative de la bibliothèque
institutionnelle. Elle sera conquise peu à peu, par petits bouts.
Nous n'abandonnons
pas le système des objets. La collection continue donc. Mais pour ce qui
concerne la conquête des univers numériques nouveaux, chacun procède par le
bout qui est à sa portée, par une démarche de niche.
Je
propose en conclusion de revenir aux politiques publiques : quelle est la
place de l'offre d'une collectivité publique à l'égard de la population dont
elle a la charge dans l’environnement global de la diffusion et de la promotion
des œuvres et des informations ? Il revient à chaque collectivité publique
de définir des objectifs, priorités, des publics cibles, et de développer les
services liés à ces choix. Choix à définir par les instances démocratiquement
élus, avec le concours des professionnels que nous sommes.
Nous en
sommes donc encore à l'invention du futur et c'est une chance que de travailler
ainsi dans une période aussi pionnière.
Transcription par Philippe Souchu, revue par
l’auteur.
La bibliothèque universelle
phonographique à domicile. Dessin d’Albert Robida (1848-1932)
[1] Michel de Certeau,
L'invention du quotidien. 1- Arts de faire, Gallimard, Folio Essais.
Cité par Gérôme Guibert, dans Du cylindre au MP3 :
format du support enregistré, esthétique et réception des œuvres, actes de la présente journée.
[2] Borey Sok, Communautés, blogs, publics producteurs… comment la cocréation de valeur remplace la simple consommation musicale, actes de la présente journée.
[3] Voir Chris
Anderson, La longue traîne : la nouvelle économie est là, Village mondial,
2007, cité par Yves Alix dans Le
contexte juridique d'hier et de demain, actes de la présente journée.
[4] Bernard Lahire : La Culture des individus. Dissonances culturelles et distinction de soi, Paris, La Découverte, 2004. (Dossier disponible sur le site Fabula, la recherche en littérature : http://www.fabula.org/actualites/article9758.php)
[5] Gilles Rettel, La musique a-t-elle encore sa place dans les bibliothèques ?, actes de la présente journée.