par Florence Schreiber. Août 2024
Pour quoi diantre s’intéresser à la Dark Romance ?
En 2023 à l’occasion de ma collaboration à un travail bibliographique La littérature pour penser les violences sexuelles faites aux enfants (une commande d’Édouard Durand vice-président de la CIIVISE à Henriette Zoughebi, créatrice du Salon du Livre Jeunesse1), j’ai "rencontré" la Dark Romance et en particulier le best seller Captive de Sarah Rivers, édition BMR (Hachette). Un roman et un genre dans lesquels moins qu’une sexualité transgressive il est question d’emprise et de violence des hommes sur les femmes. Quelques lectures d'articles plus tard j’avais saisi que le lectorat était essentiellement composé de (très) jeunes lectrices. Certaines d’entre elles (assez nombreuses) se procurant cet ouvrage vendu à 700 000 exemplaires et ses semblables par l’intermédiaire du pass Culture ou les empruntant en médiathèques.
Dans le même temps que la société résonnait de #MeToo et alors que l’éducation nationale déployait des programmes Egalité, il m’a semblé que cela constituait un sujet professionnel passionnant tant du point de vue des acquisitions que de la médiation en bibliothèques
Le décryptage ici livré est celle d’une « lectrice experte », bibliothécaire fraîchement retraitée, à l’aune de ce que furent mes engagements professionnels comme actrice de l’action éducative en médiathèques, principalement en Seine-Saint-Denis.
Sommaire
Dark Romance, pourquoi s’y intéresser ?
1-Poids économique de la Dark Romance dans l’édition
2-Présence en Librairies et Médiathèques
Présence dans les rayons de vente
Titres et exemplaires en médiathèque
3-Dark Romance : de quoi parle-t-on en fait ?
Un peu d’histoire
Dark Romance, quelques éléments de définition ?
Quelques avis sur la Dark Romance glanés dans la presse 7
Décryptage d’une phénomène de l’édition 2023, Captive de Sarah Rivens, BMR.
1-Analyse de quelques informations factuelles
L’objet livre 8
Les personnages : description et comportement
La vie matérielle dans Captive
Contexte culturel : télévision, dessins animés, séries, livres, etc.
2- Le récit et ses particularités « dark » : sexe et violence
Le déroulement du récit
La sexualité dans Captive
Les scènes de violence
Des femmes en compétition
Une morale ambigüe
Conclusion provisoire
ANNEXES
Liste d’autrices, liste de titres…
Contexte culturel, résentation des dessins animés, séries, livres…
La société vit une double tension qui s’exprime à travers la presse et les réseaux sociaux. Des mouvements d’émancipation féministes se confrontent de façon parfois violente avec un backlash antiféministe voire masculiniste.
Ainsi au mois d’avril 2024, la presse expose tout à la fois des oppositions à accepter la perpétuation des modèles anciens et la continuité à les justifier voire à les revitaliser. Parmi d’autres exemples, d’un coté la Légion d’honneur remise par le Président de la République à l’homme de télévision Thierry Ardisson et au chanteur Michel Sardou ainsi que son soutien au comédien Gérard Depardieu2, ainsi que le constat de l’importance du masculinisme parmi la génération de garçons et d’hommes de moins de trente ans3, et de l’autre la relance du #MeToo cinéma avec les articles et tribunes de Judith Godrèche, les remous autour de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les VIolences Sexuelles faites aux Enfants) pour qu’elle garde son président et son objectif de protection contre les violences sexuelles.
Le marché éditorial, faisant feu de tout bois, s’empare simultanément de ces deux courants idéologiques. Il crée une multitude de collections féministes tout en publiant des centaines d’exemplaires de livres dans lesquels des hommes soumettent et maltraitent physiquement, psychologiquement et sexuellement des jeunes femmes.
Celles et ceux qui s’impliquent professionnellement ou de façon militante sur les questions d’égalité femme/fille // homme/garçon et luttent contre les violences sexuelles et sexistes ne peuvent que s’interroger sur cette « contradiction ». Ils et elles trouveront bénéfice nous l’espérons à ce premier état des lieux autour de ce genre de la Dark Romance.
Soulignons que notre objectif n’est pas de formuler un avis moral mais de proposer aux professionnel.les de la lecture publique quelques outils et un début de réflexion pour se positionner comme acquéreuses et acquéreurs des fonds en direction du public adolescent et jeune adulte, ou comme médiateur et médiatrice auprès de ce public dans une perspective de « re-mobiliser » les objectifs éducatifs qui, nous semble-t-il, doivent rester un axe important des missions en bibliothèque.
Nous espérons qu’à moyen terme nous pourrons nous associer à d’autres professionnel.les de la jeunesse et de l’éducation, à des chercheurs et chercheuses pour approfondir analyse et réflexion sur ce sujet, y compris en y associant les lectrices elles-mêmes
Le secteur de la Romance et son sous-ensemble de la Dark Romance occupe une part importante du marché éditorial4 mais aussi génère produits dérivés, événementiels très fréquentés et progressivement des espaces dédiés.
En 2023, 7% du marché du livre concerne le secteur de la Romance dont la Dark.
Avant les achats de Noel 2023, 6 millions d’exemplaires de Dark Romance avaient déjà été vendus.
La romance représente un roman vendu sur 9 sans compter les versions numériques, les publications sur les plateformes type Wattpad5,
106 titres ont dépassé les 10 000 exemplaires. Par exemple l’autrice Colleen Hoover a vendu 1,6 millions d’exemplaires.
6,9 milliards de vues sur Tik Tok.
Un titre de H.D Carlton, L’ombre d’Adeline, est présenté à la Fnac avec un sticker « La Romance phénomène qui a dépassé le milliard de vues sur Tik Tok ».
Le premier tome de la série Trouble maker de Laura Swan, BMR Hachette s’est placé juste après le Goncourt et le Renaudot en 2023.
Le chiffre d’affaires de l’éditeur Hugo Publishing avec Hugo New Romance est de 80 millions d’euros en 2023, soit une augmentation de 95% par rapport à 2022.
Hugo Publising dirigé par Arthur de Saint Vincent et Hachette dirigé par Vincent Bolloré avec sa collection BMR sont les grands leaders du genre en France.
De nouveaux produits « ambiancent » la Romance et sa petite sœur sulfureuse, la Dark.
Un salon New Romance à Lyon s’ouvrira pour la 8ème année en novembre prochain. Toutes les places entre 49 et 149 euros sont vendues en quelques jours dès avril.
En avril 2024 à Rouen, une première librairie spécialisée Romance (sur le modèle américain) s’est ouverte. On peut penser qu’elle aura du choix à proposer dans le sous-genre Dark Romance : si l’on tape « Dark Romance » sur Babélio, « remontent » (mi-avril 2024) 755 titres !
Et au gré des nouvelles publications comme en janvier 24 autour de Lakerstone de Sarah Rivens s’ouvrent des « pop up » ou des espaces éphémères dans lesquels sont reconstitués les « décors » du livre avec vente de l’ouvrage (brochés, collectors), séances signature organisées ou surprises et stand de produits dérivés : coussins mugs, totbag, stickers marque pages….
Des produits que l’on retrouve sur un site dédié, Red Bubble.
Cela répond parfaitement au principe de déclinaison à l’infini du produit, un principe que l’on retrouvera dans l’écriture même avec une infinité d’ouvrages en « prequel » déclinaison des personnages secondaires, etc.
Principe actif aussi dans la fabrication de collections dans l’ensemble de la Romance, chacune chargée de valoriser un aspect particulier : Fantasy, Romance contemporaine, Univers médical, Romance policière, Romance gothique, Romance historique, Romance paranormale, Romantic fantasy, Romance futuriste.
Pour compléter cet état des lieux économique, il a semblé intéressant de jeter un regard sur ce que propose la librairie traditionnelle et deux lieux de distribution différents, la Fnac (Magasin de Châtelet, Paris) et un magasin Carrefour (celui de Saint-Denis, 93)
Enfin parce que cela introduit la réflexion sur le rôle et les missions des bibliothèques publiques dans l’offre de lectures au public adolescent, on fera un zoom sur le catalogue des médiathèques de Plaine Commune et sur les prêts dans cette catégorie de livres
On va aller très vite du côté du Carrefour de Saint-Denis : aucun livre de Dark Romance ! En réalité le magasin ne propose dans son rayon Livres que des albums pour les plus jeunes et des séries de mangas pour les collégiens. La seule proposition pour les adultes sont des revues, mais aucun documentaire ni roman.
La Fnac Châtelet les Halles
Les présentoirs de Romance sont multiples : un double présentoir bas à l’entrée du rayon roman et en face des Pléiades (!), un mur de Romance (5 colonnes de 5 étagères)
On trouve aussi des livres de Romance dans le présentoir des meilleurs ventes et une présentation des meilleures ventes de romance.
On n’oubliera pas les présentoirs spécifiques comme par exemple pour le dernier titre de Morgane Moncomble.
Une évaluation grossière donne environ 300 titres de Romance avec une part non négligeable de Dark Romance.
Le titre phare dans cette catégorie début mai : le quatrième tome Hadès et Perséphone de Scarlett St Clair, Hugo Roman (Romantasy)
Il est à noter que la Fnac propose des coups de coeur dans cette catégorie : Pénélope Douglas, Dark Romance-tome 1 : Corrupt chez Harper Collins (sous titre : Leur amour peut les sauver.. ou les détruire)
Marie de Fnac Croix Blanche (reprise par Fnac Châtelet) : « Dark Romance : Âmes pudiques, sensibles s’abstenir ! Un vocabulaire très cru, des sentiments exacerbés violents et haineux, une sombre histoire de vengeance. Pour les amat.rice.eurs voire les passionné.e.es de Dark Romance. C’est brutal, c’est agressif, c’est sexuel, bref c’est addictif pour ceux et celles qui aiment ça ».
Un cartel indique que les livres de ces présentoirs sont éligibles au pass Culture.
La Petite Denise à Saint-Denis : pas de présence visible identifiée en rayon et ce qui suit est un entretien informel avec la personne présente dans le magasin ce jour-là.
Elle m’indique que la vente de Dark Romance est un peu marginale, pris dans la Romance en général
Elle ne sait pas ce que représente le volume de Dark Romance dans ses ventes.
Son ressenti serait une baisse d’intérêt pour la Dark Romance.
D’après elle, les jeunes filles qui achètent Romance et Dark Romance sont aidées à franchir le pas de la librairie par le pass Culture, la libraire « profitant » de cette entrée pour une autre proposition.
La libraire qui connaît très bien le roman ado me précise par trois fois qu’elle n’a jamais lu de Dark Romance.
Elle ignore où s’alimentent les jeunes lectrices.
Elle ne connaît pas le contenu des rayons du Carrefour voisin.
Les médiathèques ne sont pas évoquées comme lieu potentiel de ressource.
Folies d’Encre Montreuil
Un petit rayon de quelques titres en bas de colonne.
Le libraire me précise que les jeunes clientes ne cherchent pas la discussion, m’indique que l’alimentation se fait de son point de vue dans les supermarchés.
Réseau Plaine Commune, avril 2024 :
Sarah Rivens, Captive 44 exemplaires (tous tomes confondus) et mi avril, 204 prêts.
Colleen Hoover : 24 exemplaires, 199 prêts: (parution 2016).
Morgane Moncomble : 12 exemplaires, 36 prêts.
Scarlett Saint Clair : 20 exemplaires (parution 2023/2024), 56 prêts.
Joyce Kitten : 5 exemplaires (parution 2024), 7 prêts.
La publication d’ouvrages de romance qui entreraient dans cette catégorie de la Dark est une affaire qui commence réellement dans les années 2010 aux Etats-Unis avec des titres comme Monsters in the dark de Peppez Winters , 2013 ou The artists trilogy de Karina Halle.
Les maisons d’édition américaines sont Random House, Grand Central.
Le genre prend son essor dans le contexte du Covid, soit une dizaine d’année après.
Ces romans s’inscrivent dans une « tradition » alliant sexualité, soumission et certaines formes plus ou moins répertoriées de violences.
Les titres, séries et la collection ayant inspiré les autrices de Dark Romance les plus souvent mentionnées :
Pauline Réage alias Dominique Aubry, Histoire d’O, 1954 ;
E.L James, 50 nuances de grey, 2015 (et l’ensemble des titres à suivre) ;
La saga Twilight, 2005-2020 , d’abord publiée en France sous le nom de Saga du désir interdit, série de romans fantastiques et sentimentaux de Stephenie Meyer publiés entre 2005 et 2020. Elle est composée de quatre tomes principaux : Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation auxquels s'ajoutent deux tomes complémentaires L'Appel du sang et Midnight Sun ;
Anna Todd, la série des After, 2014
Avant de regarder de plus près le tome 1 de Captive de Sarah Rivens, phénomène éditorial de l’année 2023 qui a installé le genre de façon pérenne dans le paysage français, quelques éléments de définition généralistes.
Cité par la journaliste Laura Coromines, l’autrice AutumnEvergreen qui s’exprime sur la plateforme d’écriture Wattpad déclare: « Pour écrire une dark romance, il vous faudra un antihéros qui joue selon ses propres codes, ceux d’une famille mafieuse ou d’un gang de motard. Idéalement deux ou trois scènes de sexe non consenti, une dynamique de pouvoir en défaveur de l’héroïne et quelques tabous brisés. Au choix, rapt, traque, BDSM, suicide, agression sexuelle, torture, sociopathie, syndrome de Stockholm, viol ou inceste »6.
On peut ajouter que le sentiment amoureux, souvent ignoré, voire refoulé par la jeune fille qui porte le récit (règle de la romance), apportera le salut, permettra en dépit de la violence la rédemption de l’agresseur.
L’objectif étant de devenir « l’élue », celle qui répare.
Les romans sont très hétéronormés, les relations lesbiennes quand elles existent sont fétichisées ou marginalisées.
La diversité semble plutôt absente, peu de personnages racisés parmi les protagonistes
Éléments communs aux publications, les Trigger warnings (avertissements aux lecteurs), par exemple mention de viol, violences physiques, langage violent censés décourager les lectrices sensibles ou très jeunes et qui agissent plutôt comme un aimant.
L’héroïne intègre une palette de comportements misogynes dont un des signes est la présentation de personnages féminins qui se vivent comme concurrentes entre elles On peut aussi s’y moquer des « filles faciles ».
Dans l’histoire de la jeune femme mais aussi du garçon, des traumas psychologiques, des enfances difficiles, des drames sont fondateurs pour expliquer la position, les violences, la soumission des personnages.
Nous verrons à travers l’analyse du tome 1 de Captive qu’il existe aussi certains ingrédients complémentaires visant à créer la complicité avec la lectrice, ceux par exemple concernant le décor, la nourriture, le contexte culturel des protagonistes.
Laura Coromines explique que les principes d’écriture sont ceux d’archétypes présents dans les collections Harlequin remis au goût du jour, voire plus anciennement encore ceux des ouvrages publiés chez Ferenczi et Fils dans les années 407.
En ce moment, les archétypes de personnages ou d’ambiance les plus populaires parmi les fans sont :
Ennemies to lovers : les amants sont d’abord adversaires ; Captive en est l’exemple typique: ils se haïssent, ils s’aimeront ;
Bully to lover : le harceleur devient l’amant ;
Ennemies to love : Age gap : la baby sitter et le père de famille, le professeur et l’élève ;
Dark Prep School or University Trope : l’histoire se déroule dans un pensionnat humide et froid où pousse le lierre ;
Somnophilia Trope : des romans où se déroulent des relations sexuelles alors que la femme est inconsciente, endormie ou dans le coma ;
Tampering Trope, lorsque le love interest (l’amant) perce des trous dans le préservatif…
Elodie Faiderbe, autrice des quatre tomes de Villa Emilia : pour elle, « c’est une romance interdite ou malsaine avec des limites morales ou légales qui sont franchies ».
Camille Emmanuelle, éditrice, autrice de romans érotiques parle de « glamourisation de l’emprise et du viol ». Elle explique aussi que le « personnage féminin ne se rebelle pas et ne cherche pas de réponse collective ».
Flore Vautier, libraire en Vendée : Certes , dit-elle, la « chick lit »9 et Harlequin véhiculaient des stéréotypes » mais « ici le plus c’est la sexualisation et la normalisation des violences psychologiques et physiques ».
Le journal Sud-Ouest en avril 23 questionnait sur la remise en cause de égalité femmes-hommes à l’œuvre dans ces romans.
Magali Bigey, chercheuse en sciences de l’information et communication : « Le discours ambiant, fait d’injonctions paradoxales sur ce que doit être une femme et un homme, pourrait amener à chercher l’évasion dans la Dark Romance. Cette position a été remise en question par son caractère masculiniste et très flou. »
D’autres commentaires sont plus circonspects sur l’éventuelle nocivité de cette lecture :
« on a survécu à Twilight, elles survivront à la Dark Romance ».
Le psychiatre Serge Hefez écrit que ces ouvrages peuvent être vus « comme un exutoire à la complexité de la sexualité .»
A l’opposé de ces commentaires critiques, Ludi Demol, chercheuse à Paris 8, spécialiste de la consommation de pornographie chez les jeunes, pense que « les critiques sur ces lectures sont une forme de mépris » : ce que feraient les filles ne serait jamais assez bien, elles liraient trop ou pas assez ou pas ce qu’il faut. « Beaucoup écrivent dit-elle, elles explorent. »
« Dans la vraie vie, un mec qui ferait ça prendrait perpète » dit une lectrice de Dark Romance mais c’est un argument en faveur du genre et pas le contraire……
Nous l’avons vu, la Dark Romance est un genre qui compte économiquement.
Pour tenter de comprendre l’engouement suscité par ce genre nous avons décidé de regarder un de ses titres emblématiques de l’année 2023, Captive de Sarah Rivens, dont le succès saisit :
10 000 exemplaires du premier tome se seraient arrachés en une heure et au total entre -500 et 700 000 exemplaires ont été vendus générant 8 millions d’euros à son éditeur ;
la vente du troisième tome de la saga a dépassé celle des mémoires du Prince Harry (janvier 2023).
Édité par Hachette, propriété de Vincent Bolloré, dans la collection BMR présentée comme un éditeur, il est dans le top 10 des ventes 2023.
L’ouvrage est traduit en 10 langues.
Le premier tome de Captive sur la plateforme Wattpad cumule 19 millions de vue.
Tenter d’ouvrir les ressorts du succès nous a amenés à construire une méthode empirique :
Dans un premier temps, nous avons cherché à « objectiver » et quantifier des informations saillantes :
l’objet livre dans sa matérialité ;
les personnages avec les termes choisis pour les décrire physiquement et dans leurs comportements ;
les éléments matériels qui les environnent : les voitures les vêtements, les maisons , la nourriture
l’écriture : le choix du vocabulaire, et quelques éléments de style.
Dans un deuxième temps, nous avons cherché à comprendre les ressorts de la fascination de la Dark Romance sur son lectorat en s’intéressant au récit, et en détaillant les scènes sexuelles et les scènes de violence.
Le choix des couleurs noire et bleue nuit et l’effet- un effet vitre brisée avec un impact de balle, de la fumée qui s’en échappe, la présence de la phrase « De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas » installe une ambiance de tension. Cette couverture s’inscrit dans la tendance générale du genre où des éléments de « décoration » sont largement présents, plus encore qu’une silhouette masculine, féminine ou des couples.
On sait d’emblée que nous entrons dans une saga puisque la mention tome 1 est indiquée. Nous savons qu’à la suite de ce tome 1 sera publié un tome 1,5 qui raconte l’histoire de personnages secondaires puis que le tome 2 revient à celles des personnages principaux, etc. Le choix sériel est la règle ultra dominante du genre.
Dès les premières lignes nous savons que nous pénétrons dans des « réseaux criminels où règnent puissance meurtre pouvoir ».
Le titre est défini : Les captives y sont présentées comme « dangereuses, malignes, mortelles, elles sont les ombres, représentantes de leurs chefs, appelés possesseurs »
Le personnage principal féminin est présenté : Ella, celle qui raconte l’histoire, comme dans tous les romans appartenant à ce genre. Son statut y est précisé : elle est une captive contre son gré (laissant sous-entendre que ce statut peut être volontaire) dont le premier possesseur utilise le corps. Sa situation au début du livre : le possesseur lui annonce qu’elle va travailler pour quelqu’un d’autre (nous comprenons que cela peut être un travail).
Toujours sur la 4e de couverture, nous apprenons outre le nom du possesseur Ash, dont le statut est « leader charismatique du réseau des Scott » les premiers ressorts de l’histoire : Ash « pour une raison obscur voue une haine viscérale à ces femmes (les captives) ». Nous comprenons qu’il possède un mystère qui active le ressort d’une relation typique de l’ambiance Dark Romance : « Un jeu dangereux s’installe entre Ella et Ash (qui) entend faire payer Ella, mais celle ci ne compte pas céder ». On verra que ce terme céder est au centre du dispositif psychologique de la Dark Romance. Les termes de résistance ou de de révolte ne sont pas utilisés : on cède ou on ne cède pas.
Autre injonction inscrite sur la 4ème « Ne joue pas avec le diable, mon ange, ne t’aventure pas dans ce que tu regretteras ».
Enfin on y trouve le nom de la collection BMR . Une précision sur ce nom : certains articles disent qu’il fait référence à Black Moon Romance mais l’éditeur lui-même accrédite l’idée qu’il s’agirait plutôt de Beau Mec Rebelle10.
On serait tenté de croire à la déclinaison de cet anagramme par l’effet fermeture éclair partiellement descendue au milieu des deux jambes du M.
Lorsqu’on ouvre le livre on arrive sur un avertissement :
« C’est une Dark romance qui n’entre pas dans les codes de la romance classique. Romance rime avec violence » et nous lisons les Trigger warnings : mention de viol, violences physiques, langage violent
On peut s’interroger sur l’effet de ces avertissements devenus un incontournable du genre : suscitent-ils l’envie de poser le livre ou de s’y précipiter ? Poser la question c’est y répondre si l’on songe que ce livre s’adresse à une public de jeunes adultes suivi de près par des très jeunes !
Sur le modèle de nombreux livres Young adult, le livre est accompagné d’une liste de musiques à écouter, avec QR codes :
Control, Halsey
The Beautiful and Damned (ft. Zo eNash), G-Eazy
Devilish, Chase Atlantic
Jungle, Emma Louise
You dont own me,-Saygrace, G-Eazy
Play with Fire, Sam Tinnesz, Yacht Money
Cold Heart Killer, Lia Marie Johnson
Lost the game, Two feet
Like Lovers Do, Hey violet
Hyptnotic, Zella Day
Arcade (ft.Fletcher), Duncan Laurence
Middle of the night, Alley Duhé
Angels like you, Miley Cyrus
Dont’t Alame Me, Taylor Swift
Small Doses, Bebe Rexha
Angels Don’t Cry, Ellise
Only love can hurt like this, Paloma Faith
Then, Anne Marie
Everybody wants to rule the world, Lorde
Wrinting’s on the wall, Sam Smith
Someone you loved, Lewis Capaldi
Mount Everest, Labrinth
Soit : 4 artistes femmes, 8 artistes hommes, un groupe mixte. Les artistes américains ou anglais, à une exception, sont blancs.
L’analyse qui suit est proposée par Gaelle Maisonnier, Directrice de l’action culturelle de l’association Zebrock11 : « Avant tout, cela m’a tout de suite fait penser à ce qu’avaient entrepris les éditions Sarbacane il y a une dizaine d’années. Il y avait une page avec une liste de chansons qui figurait en fin de leurs romans ados, un peu à la manière d’une bande originale du livre. Je crois que cette liste était composée par les auteurs. Donc la pratique est déjà ancienne12. Certains romans sont truffés de références musicales voire ont pour sujet la musique (un exemple me vient en tête : Jimi-X de Louis Atangana paru en 2015), donc la création d’une playlist ou de suggestions de musiques de la part de l’auteur ou de l’éditeur coule plutôt de source. Le ou la lectrice peut écouter la chanson « en même temps » que les personnages du roman par exemple… utilisée ainsi, la musique fait partie intégrante de la narration. D’autres auteurs écrivent en écoutant de la musique et s’amusent à partager leur playlist avec les lecteurs et fans. C’est un peu une manière de leur faire découvrir les coulisses de l’écriture. Dans le cas de Captive (comme pour d’autres best-sellers), il me semble qu’il s’agit plutôt de créer une ambiance musicale propre à l’univers du roman, à la trilogie. Histoire d’immerger complètement la lectrice dans l’intrigue et lui faire vivre « une expérience ». La playlist a donc un objectif plus « 360° », plus marketing aussi car elle se partage sur les réseaux sociaux, se « like », fait l’objet de vidéos et de réactions sur TikTok entre autres. En contribuant à créer une lecture enrichie, elle participe à la promotion du roman. »
Les éditions BMR ont un compte sur Spotify avec de multiples playlists. J’en conclus qu’il doit s’agir d’une pratique de communication/promotion bien rodée. La playlist ici est celle qui accompagne le tome 1 de la trilogie. Il existe une playlist pour le tome 2 avec d’autres morceaux.
La playlist du tome 1 réunit 38 929 abonnés, celle du tome 2 18 829. Cela est peu comparé au nombre de ventes, mais impossible de connaître le nombre d’écoutes de la playlist sans être le propriétaire du compte de BMR.
Les abonné.e.s peuvent être considérées comme le noyau dur des lecteurs et lectrices ou en tout cas les plus friands de cette pratique. Il s’agit juste de la plateforme Spotify : il faudrait ajouter les abonné.e.s à Deezer et aux autres plateformes car ce seront d’autres utilisateurs.
Concernant le contenu de la playlist, c’est de la pop Mainstream la plus actuelle du moment, avec des mélodies lancinantes, plutôt lascives.
Elle est anglophone et les chansons parlent toutes d’amour, d’emprise, de relations toxiques, de jeux de pouvoir et de domination entre le garçon et la fille. On est dans le drame et des histoires torturées.
Les noms les plus connus comme Taylor Swift, Billie Eilish ou Sam Smith participent tous de cette scène ultra-médiatisée et populaire. Mention spéciale faite à Miley Cyrus qui a longtemps traîné une réputation particulièrement sulfureuse13.
Enfin la plus connue à ce jour, Taylor Swift, a une histoire mouvementée avec les médias à cause de leur passion pour ses relations amoureuses qu’elle chante d’album en album. Paradoxalement, maintenant à presque 35 ans, elle apparaît comme une femme puissante et indépendante.
Une citation latine non traduite Memento mori /esto memor nostri - « aie à l’esprit que tu vas mourir, pense à nous » - placée dans une sorte de blason abîmé par un impact de balle fait penser à des univers type Harry Potter, au genre de la Fantasy ou aux ouvrages de vampires. Il appartient à l’esthétique des tatouages gothiques.
Comme beaucoup des autres livres de Romance, celui ci est épais avec 546 pages, précédé d’un prologue et suivi d’un épilogue (introduisant une suite)
Le livre est organisé en 43 chapitres avec chacun un titre qui appartient à des champs lexicaux hétéroclites dont la logique n’est pas apparente.
Quelques exemples :
un prénom, un nom : Lisa ou Linda chapitre 9/ Les Scott chapitre 13 ;
une situation plus ou moins anxiogène, mystérieuse : Vol et charité, chapitre 6 ;
une injonction : Que le meilleur gagne chapitre 8, Aide Moi chapitre 24 ;
la définition d’une « fonction » : Femmes d’affaires, chapitre 2 ;
une qualification : Mauvais(e), chapitre 5 ;
et parfois un titre un peu mystérieux : L’amour sans « U », chapitre 32……
Dans cet ouvrage (vu aussi dans d’autres romans de Dark Romance) certains passages sont en italiques sans que nous ayons saisi la raison de ce choix.
Dans les avertissements, il est question de « langage violent », une notion assez floue. Sarah Rivens utilise plusieurs niveaux de vocabulaire : populaire, argotique, parfois vulgaire.
Des termes populaires et argotiques :
une merde, un terme qu’Ella utilise souvent pour se qualifier elle même,
dire de la merde,
chialer,
clochard (qui semble une insulte),
déchet (John) ;
gros dégueulasse,
sale blaireau,
tocard,
débile,
enfoiré,
meuf,
chelou,
grave,
crever la dalle.
Un terme qui nous a surpris : le mot « latte » qui revient pour designer une bouffée de cigarette (Il est présent dans le dictionnaire de l’argot des banlieues avec des références musicales dans le rap). Est-il plus usité que « taf » par exemple ?
Des termes vulgaires :
putain : utilisé jusqu’à trois fois dans une même phrase associé à d’autres mots comme putain de virus, putain de bordel de merde, putain de lunatique. L’univers « américain » des personnages incite à penser que nous serions dans l’équivalent du « fuck » très présent dans les dialogues de films ou de séries,
bordel,
pute,
baise (lorsqu’il est question de sexualité le mot est systématiquement baise),
chier, fait chier,
con,
connard,
casser la gueule,
petite salope,
foutue, foutre,
casser les couilles,
enculé.
Le vocabulaire utilisé ne semble pas toujours adapté à la situation, voire franchement décalé :
Ash « pouffa » ou « glousse » alors que l’échange est très tendu. ;
un personnage est « agacé », dans un environnement de franche terreur ou inversement est « blême, » « hors de lui » dans un passage de simple contrariété ;
le « possesseur » (Ash) suscite de « l’agacement » et est traité de « lourd » dans des moments de violence ;
un personnage s’adresse à un autre en disant « tu rigoles » alors que la scène était ultra violente ;
Ella est « en rogne « dans une situation dramatique ;
dans les situations anodines, l’héroïne a froid dans le dos, une autre ressent de la détresse ;
plus insolite : « Une bouffée de malice envahit mon corps rongé par la colère » ;
l’autrice utilise volontiers le passé simple et l’inversion grammaticale : dit-il, pensa-t-il, etc.
On peut remarquer que les personnages ont à la fois prénom, parfois diminutif et nom de famille (sauf une ?) Cela peut être important pour les situer dans le « clan » et les rend plus « réels ».
Nous ne saurons rien de l’apparence du premier possesseur de Ella qu’elle qualifie de « clochard » de « merde ».
Les
seules informations concernent ses addictions multiples à
« l’argent, aux drogues dures et à l’alcool", des
éléments que l’on pourrait qualifiés de basiques dans cet
environnement maffieux.
Le personnage principal, Ash
(Asher Scott) est lui décrit précisément avec des qualificatifs
repris tout au long du livre.
C’est
un homme blond, aux cheveux clairs ébouriffés lui donnant un air
négligé portant au chapitre 2 une barbe de trois jours.
Son
visage (est) légèrement allongé (avec des) traits fins, une
mâchoire bien définie, des joues creuses faisaient ressortir ses
pommettes.
On
trouvera pas mal de variation autour de ses yeux en amandes couleur
d’acier (gris revient souvent) qualifiés perpétuellement de
perçants.
Sa voix est rauque, adjectif lui aussi récurrent.
Son corps imposant ou sa musculature imposante » reviennent régulièrement
Il porte des tatouages partiellement dissimulés puis découverts. Ils sont une des clefs du mystère de Ash, « tatouages de rose prisonnière des ronces, un œil larmoyant, boussole brisée, un serpent ».
Dans toutes les circonstances Ash, fume sans arrêt.
Les cigarettes, dont en prend des lattes (!) sont présentes presque à toutes les pages.
A noter que les femmes que nous qualifierons de positives ne fument pas. Les cigarettes est un attribut masculin ou celui des « mauvaises » femmes.
On sait vers la fin du roman que Ash est âgé de 24 ans.
On peut s’arrêter quelques instants sur l’adjectif qu’Ella lui attribue : psychopathe. Peut être son prénom qui sonne très « tranchant » en français n’y est-il pas pour rien (!)
On a relevé qu’il était utilisé 225 fois dans le tome 1, parfois 4 ou 5 fois sur la même page !
Si l’on reprend la définition de la psychopathie proposée dans Wikipédia, cela correspond plutôt bien au personnage : « la psychopathie est un trouble de la personnalité, caractérisé par un comportement antisocial, un manque de remords et un manque de « comportements humains », généralement associé dans la culture populaire à un mode de vie criminel et instable — bien que cette notion recouvre des types de personnalités bien intégrés dans la société voire considérés comme des modèles »
« Psychopathe » apparaîtra sur le téléphone de l’héroïne lorsque l’appel viendra de Ash, au-delà du qualificatif, il est devenu son surnom.
Il est quelque fois remplacé par pervers.
Autre personnage masculin (qui sera le héros du tome 1,5) Ben (Benjamin Jenkins ) :
Il
possède des yeux sombres, lui aussi un regard perçant avec une
lueur perverse. Comme Ash il est tatoué, un oiseau -(sans
plus de description) et ses cheveux sont d’ébène.
Assez logiquement Ella (Collins) étant la narratrice , elle ne commence pas par se décrire elle-même : on va se faire une idée de son apparence au fil des situations.
On comprend qu’elle est jolie (dans les yeux des autres protagonistes) sans trop savoir à quoi elle ressemble. Ses descriptions physiques marquent plutôt sa fatigue, son mal-être. On en sait plus par des « épisodes » mettant en scène ses tenues, son maquillage. On va comprendre assez vite qu’elle ressemble physiquement à celle que l’on découvrira en fin de volume comme la vraie méchante briseuse de cœur, Isobel.
Ce que l’on sait d’elle dès le prologue c’est son âge, 22 ans, et sa situation. Elle est captive d’un possesseur pour « la » sauver, « pour nous sauver » sans plus de précision de qui est cette personne à sauver (nous saurons plus tard que c’est une tante toxicomane très endettée et que la « captivité d’ Ella permettrait l’effacement progressive de la dette »). Sa tâche : offrir son corps sans rien dire, pour soulager « des gros porcs malsains », elle parle de souillure.
Son « possesseur » John est une « merde », « tout était de sa faute, c’est à cause de lui qu’elle est brisée ».
Kiara (Smith) : très jolie, boucles brunes en cascade, nez fin, yeux clairs chaleureux, ce qui semble le contrepoint du « perçant » des garçons dont la description laisse sous entendre la qualité de « gentille ». Incidemment, page 241, on apprend qu’elle a « une ex ». Cette information sans autre commentaire de la part d’Ella n’implique aucune mention de l’homosexualité du personnage. Kiara évoque pour souligner le côté bon du défunt père de Ash, Robert Scott, qu’il l’avait l’encouragée à parler de sa « bisexualité » (p. 340). L’évocation « en passant » de cette sexualité non hétéronormée, comme une sorte de concession libérale sonne un peu faux dans un ensemble très conventionnel (y compris hélas dans les rapports de domination).
Sabrina (pas de nom ?) : air de femme fatale, yeux en amandes, lèvres pulpeuses, traits exotiques. Ella lui suppose des origines latines. Les adjectifs qui se rapportent à elles : cynique, provocant, méchamment. On peut parler sans hésiter de clichés !
Isobel Jones, la super méchante (spoiler : celle qui a brisé le cœur de Ash !) : cheveux plaqués attachés en queue de cheval basse, yeux verts, teint mat, bagues en or blanc sertie de diamants, allure de vraie femme fatale (ce qui est curieux c’est que revient souvent la question de sa ressemblance avec Ella, pour le moins peu visible dans cette description).
Ce que ressent Ella
« Je n’étais pas une personne intéressante », puis « j’étais la seule à blâmer », revient aussi « j’étais naïve », un terme récurrent, y compris utilisée par Ash. Cette naïveté semble une qualité paradoxale pour les captives, puisque lorsque Ash va décrire Isobel, la très méchante, il lui dénie celle-ci. Ben dit à Ella vers la fin du livre qu’elle est une fille compliquée. Souvent Ella dit « je suis bête », la notion de jouet revient régulièrement. Pas mal de larmes « qui coulent » ou « ravalées »
Tétanisée, boule au ventre, cœur qui bat, coupait l’appétit, fit frémir, frisson, supplément de souffrances garanti, jambes tremblantes, peur s’infiltrait dans mes veines, hoquet d’effroi, gêné, angoisse, mes sens s’affolèrent, je le suppliais de m’ ouvrir.
P. 123 : « Je déglutis; une boule se forma dans mon ventre à nouveau. La peur s’empara de moi, la peur de mourir ».
« Je sursautai et ma respiration se coupa lorsque j’entendis la porte s’ouvrir doucement, grinçant un peu plus à mesure qu’elle s’approchait du mur. Ma peau se couvrit de chair de poule. La boule au ventre, j’attendis un mot de la part de celui qui hantait mes pensées. »
P. 124 : « Il ne bougea pas, pas un seul mouvement, je sentis son regard sur mon dos, qui faisait pression sur moi. J’étais mal à l’aise. Je respirais doucement, comme si j’avais peur qu’il m’entende. Je perdais tous mes moyens ».
Termes récurrents : déglutir, écarquiller les yeux, boule au ventre…
Comment Ella décrit les attitudes de Ash
Cinglant, agacé.
Il crache (les mots).
Le mot rage revient souvent.
Jointures blanchies, boule de nerf.
Il se pince le nez (revient très souvent).
Rictus, faux sourire, sourire suspicieux, sourire en coin (3 fois en quelques page), sourire de toutes ses dents (dans un contexte menaçant), sourire machiavélique.
Contracte la mâchoire (un leitmotiv) poings serrés, sourcils froncés, assassinant du regard, pupilles dilatées, fusille du regard.
On insiste sur la voix rauque qui revient régulièrement
On ne peut que constater le conformisme genré des personnages, les attributs parfois limites -les brunes sont des méchantes- tant dans leur aspect que dans leurs comportements.
Cela dit, le look bad boy de ces messieurs est très proche de celui véhiculé par les publicités de parfum.
Avant de s’intéresser à ce qui spécifiquement fait sujet dans la Dark Romance, c’est à dire le traitement des rapports de domination des hommes sur les femmes, il nous a semblé intéressant de s’arrêter sur les « indices matériels » qui peuvent permettre de comprendre comment a pu se tisser un lien de familiarité, voire même de complicité entre lectrice et roman.
Comme dans beaucoup de séries ou de films, les personnages vivent aux États-Unis. Ella pour sa part est partiellement déracinée (émigrée donc même si le mot n’est jamais utilisé) puisque si elle vient d’un univers culturel jugé proche, elle est australienne. Cette Amérique est plutôt une atmosphère qu’un pays précisément décrit : on parlera d’une forme d’exotisme anglo américain qui colore l’histoire sans agir sur elle . Au cours du roman, nous irons à Londres, Monte-Carlo, on passe d’un côté à l’autre des États-Unis, l’occasion d'utiliser de luxueux jets privés.
Look de filles
Au cours du roman, la lectrice reçoit des informations très précises sur la taille, le look des personnages, par exemple Ella porte un jean de taille 4, un pull de taille S. L’autrice décrit à plusieurs reprises les robes portées lors d’évènements particuliers : « une robe blanche, dos nu plongeant, mi cuisse, ou longue, échancré, dévoile la cuisse, moulante, bras dentelles. »
Reviennent également les précisions sur le maquillage d Ella : « teint de porcelaine iris bleu mis en valeur par des fards, un trait d’eyeliner faisant des yeux de chats. »
Plus loin il est question de « paillettes Highlighter » « mon teint paraissait plus frais et lumineux »
« Rouge à lèvres couleur naturelle….Boucles souples jusque au bas du dos. »
S’oppose de façon tranchée, le look de Sabrina : « Cheveux rouge pétant, teint bronzé scintillant. » Elle porte une robe « affreusement moulante ». « Ses iris verts camouflés par des lentilles noires. Ses lèvres sont rouge sang. »
Pour la « soirée des captives », un évènement très important dans le récit, elles portent toutes des robes rouges mais aussi des chaussures semelles rouge qui sans nommer la marque Lauboutin y fait évidemment référence.
Look de garçon Ash porte « jean sombre, pull manches retroussées (sur ses tatouages), une veste de cuir » (celle ci est un leitmotiv, Kiara va d’ailleurs lui en acheter une autre pour son anniversaire). On le verra en petite tenue et nous apprenons qu’il porte un boxer noir.
On est parfois proche d’un univers de catalogue, de site internet, de tutos ou de conseils beauté.
L’esthétique
générale n’est pas originale et reprend celle de la majorité
des séries américaines.
A trois reprises il est question
d’achats en centre commercial : deux fois pour des achats de
vêtements, une fois pour des courses alimentaires. On est membre de
gang mais on va au supermarché comme tout le monde…Les héros de
papier sont des gens comme nous.. d’ailleurs à quelques reprises,
il est mention de leur besoin d’uriner !
Le décor
L’environnement des différentes scènes a été vu et revu dans les films et les séries autant que dans les émissions de téléréalité et les chaînes de nombreux influenceurs. Grandes maisons, (un manoir pour les scènes en Angleterre) avec « hauts murs », "portail automatique » et pour la maison de Ash, « plus de baies vitrées que de murs ».. Les pelouses sont « parfaitement tondues » et lorsqu’il y a une piscine elle est « immense ».
Le marbre est un marqueur de luxe qui revient dans la description des cheminées, des cuisines, des salles de bain. Les fauteuils et les canapés sont en cuir, noirs chez Ash, blancs ailleurs. On retrouve le cristal dans un plateau, un lustre.
Il est à noter que l’autrice se donne la peine de décrire façon « catalogue Ikea » les éléments des cuisines ou des salles de bain : cuisine avec réfrigérateur américain, évier en marbre, lave-vaisselle, îlot couleur noire, plaques électriques.
Salle de bain : vaste, murs sombres, vasque, grande baignoire, grand miroir, douche italienne
Ne sont pas oubliés le « gigantesque écran mural allumé » et en Angleterre la présence d’un grand piano blanc.
On peut noter que les éléments de décor reflètent la psychologie des habitant(es) ou font entendre l’ambiance de la soirée. Chez Kiara : grand salon ton gris et rouge, cuisine ouverte escalier blanc, mezzanine, bibliothèque cd cassette vinyles, matelas sur le sol, toit de verre. Chez la « gentille » Ally, un autre personnage positif : tons beige et étagères en bois, chaises marrons, grand lustre au plafond
Dans le « manoir moderne « qui accueille la soirée des captives : tapis pourpre avec pétales de roses, hall rouge or et noir, nappes paraissant en soie, baies vitrées donnant sur la ville.
Comme il faut bien remettre ses maisons en état, il est deux fois mention d’une femme de ménage..
Classiquement, les voitures sont noires avec vitres teintées. Lorsqu’Ella découvre le garage, s’y trouvent « des dizaines de voitures, plus luxueuses les unes que les autres », sans précisions
En Angleterre, il sera question d’une Bentley, une range Rover sera citée plus tard.
Ella n’a jamais eu de téléphone, signe ultime de son asservissement. Lorsqu’enfin elle s’en trouve dotée, elle en « découvre les options jusqu’à 2 heures du matin », un peu sur le mode d’un enfant découvrant un jouet de Noël très attendu.
L’autrice ne souhaite pas singulariser ses personnages par des aliments sophistiqués, trop cuisinés, marqués culturellement, proscrits pour une partie du lectorat, voire inconnus.
On peut noter un étonnant passage au restaurant en Floride où dînent Ash et Ella. Cette dernière dit ressentir de la gêne, un sentiment d’infériorité à ne pas connaître sur la carte (en présence de son « possesseur ») ni le mot « truffe » ni l’expression « sans gluten », marqueurs d’une certaine culture (de l’élite ?). Oserions nous dire, dans ce contexte, de classe ? Sans plus s’y attarder, cela crée une connivence possible avec des lectrices qui n’auraient pas les codes.
Dans la deuxième partie du livre, on trouve plusieurs petits déjeuners généreux, ceux qui sont mis en avant dans des publicités d’hôtellerie ou des séjours all inclusive.
Dans le manoir en Angleterre, petit déjeuner à l’anglaise détaillé : œufs préparés de différentes manières, viennoiseries, fruits, fromage, céréales, yaourt, jus d’orange.
Un autre petit déjeuner préparé par Ella pour Ash : jus de fruit un bol de céréales et deux tartines
Les repas sont composés d’aliments connus de toutes. Les pâtes sont un plat répétitif (appelées nouilles également) : elles sont parfois « cramées », parfois à la sauce tomate. On commande des sushis, des pizzas (devant une série), on mange un sandwich.
La seule mention d’un menu plus élaboré, c’est celui d’un guacamole suivi d‘un rôti pommes de terres et légumes sautés. Sans que le lien ne soit établi dans le récit on remarquera que ce repas est préparé par la seule femme mère de famille, la « gentille » Ally. La cuisine, serai- t-elle une affaire de daronne ?
Autres aliments et boisson
Coté filles : Chocolat chaud, un pain au chocolat ; Frapuccino pour les filles en ballade shopping
Coté garçons : Ash boit énormément de café et il intime régulièrement à Ella « de lui faire un café » (il y a même un enjeu sur la présence des dosettes) marquant là aussi la répartition des rôles.
Quant à l’alcool souvent non précisé (whisky), c’est un marqueur masculin absolu qui, comme la cigarette, marque le coté bad boy. A aucun moment du roman, la consommation d’alcool n’entraîne de commentaire négatif ; c’est comme une sorte de transgression obligée.
Si j’en crois d’autres lectures de Dark Romance, par exemple la saga Hadès et Perséphone de l’américaine Scarlett St Clair, la consommation permanente de whisky est un attribut de la virilité toxique et séduisante.
La proximité de la lectrice avec le roman s’enracine grâce à un jeu de références culturelles puisant dans le vaste champ des émissions, des dessins animés, des livres et de la musique (cf. la playlist en ouverture du roman pour accompagner la lecture) : ce que regardent ou écoutent les protagonistes, le décor de la bibliothèque de Ash mais aussi des références dans la conversation comme par exemple le nom de Kim Kardashian ou une comparaison du groupe des filles avec les Totally Spies
Vers la fin du livre, Ella se réjouit d’aller au cinéma, une expérience inconnue (comme l’est celui des expositions, d’un concert etc.). Il est ensuite mention d’un concert à venir d’Harry Styles
On s’arrêtera quelques instants sur la bibliothèque de Ash pour laquelle Ella a ce commentaire : "tu n’as pas si mauvais goût ». On y trouve cités Edgar Poe, Lovecraft, Stephen King et Harry Potter, références très probables pour l’autrice qui indirectement nous les recommande.
Deux auteurs du 19e siècle, Poe nettement plus célèbre nous semble-il en France que Lovecraft -et un du 20e, Stephen King, tous emblématiques de l’univers de l’horreur et sans exception anglo- saxons. On peut les situer entre littérature savante et littérature populaire pouvant être appréciés par un lectorat très ouvert. Concernant Harry Potter, il apparaît en creux comme une sorte de lecture iconique mètre étalon « du livre » pour bientôt trois générations. Son autrice, J. K. Rowling, elle aussi anglo saxonne, n’a même pas à être citée.
Ces livres sont tous assez anciens pour ne pas faire d’ombre à celui que nous sommes en train de lire …ni aux suivants ! (Voir en Annexe)
L’autrice dans un jeu réflexif avec ses lectrices n’hésite pas à faire une auto citation : il est question vers la fin du roman de l’importance de l’affection pour les bad boys suscitée par la fréquentation de la plateforme Wattpad et notamment du compte d’une certaine theblurredgirl qui comme toutes ses lectrices le savent est le pseudo de Sarah Rivens.
Wattpad, là où a été publiée la première version du roman, l’occasion de souligner importance de type de plateforme pour mieux saisir les nouvelles formes de lecture mais aussi d’écriture de fiction.
Les éléments matériels brossent un double portrait des principaux personnages. D’abord l’héroïne, Ella, celle qui nous parle, à la fois invraisemblable et proche, attachante par les détails de sa personnalités, ses lacunes culturelles, sa vulnérabilité, ses souffrances, sa perpétuelle auto flagellation. Ensuite Ash, plus proche d’un pur fantasme que l’on voit agir, souvent de façon irrationnelle et violente, et bien peu penser ou ressentir.
Cette répartition accrédite un classique des rôles féminins et masculins : madame ressent, monsieur agit.
On verra que cette dichotomie des rôles s’accompagne d’une position très claire sur la responsabilité (culpabilité ?) des femmes dans la méchanceté et violence des hommes, ces derniers en étant totalement dégagés, ou bénéficiant pour le moins de circonstances atténuantes !
Lorsque la lectrice arrive au chapitre 13 (sur les 43), elle constate l’absence d’une intrigue faisant avancer le récit en dehors en dehors de l’évolution de la relation entre Ash et Ella. Cette avancée constituant essentiellement à faire « perdre le contrôle » à l’autre dans un jeu de séduction plutôt agressif.
Les actions qui concernent le « réseau » sont floues : on comprend que beaucoup d’argent circule autour d’armes et de drogue et qu’il est question de la domination d’une « famille » d’une dynastie sur une autre ; on apprend au fil du récit que l’enjeu de pouvoir se déroule au sein d’une même famille.
Les captives sont des sortes d’agents d’influence chargés d’infiltrer les clans adverses pour recueillir, en fait voler, des informations ou en introduire de fausses dans les ordinateurs ennemis.
Il existe, comme dans une entreprise, des plans, des contrats, des archives, une histoire. La famille Scott a aussi des affaires légales (dont il est question en toute fin du livre), entreprises de développement technologique et communication, restaurants, agences immobilières et boites de nuit, etc.
On peut faire l’hypothèse que le grand succès de l’ouvrage auprès d’un jeune lectorat tient à une relative « pudeur » qui n’exclut pas la vulgarité du traitement des scènes de sexe.
Dans ce volume, les scènes sexuelles n’aboutissent pas à des caresses intimes ni à des pénétrations à la différence par exemple du tome 1 de la Saga des Hadès de Scarlett St Clair ou Jamais plus jamais de Colleen Hoover où elles sont précisément décrites.(et elles le seront dans le tome 2)
Au début du roman, les mentions de la sexualité sont diffuses. Ella entend une scène de « baise ». Il semble bien que ce soit le seul mot utilisé dans la Dark Romance lorsqu’il est question de sexualité.
Les premiers échanges physiques avec Ash sont des baisers imposés, « léchouilles » qui la font frissonner et qui ont pour but de trouver son point faible et de la dominer.
La première scène de baiser est assez classique.
Des jeunes filles aguichant Ash dans la rue, Ella lui dit qu’il fait « mouiller » des mineurs, il réplique dans les mêmes termes.
Sur deux chapitres, la relation s’installe dans la perspective mutuelle de « faire perdre le contrôle », le désir est marginalisé, voire disqualifié : ce qui est en jeu, c’est prendre l’ascendant.
Une scène plus directement érotique s’installe mais avec l’objectif de faire céder l’autre sur la question de… garder ou pas le chien laissé par Ben et Kiara.
Cette scène érotique se termine à l’initiative de Ella à qui remonte les mauvais souvenirs de ses viols. Certes Ash répond à sa demande mais non sans avoir dit « Si dans les trois prochaines secondes, t’es encore sur moi, sache que je ne pourrai plus me contrôler ».
Une scène de viol avec un « ennemi » soi-disant gay que Ash avait commandé à Ella d’occuper génère en contrepoint une scène de « douceur » où Ash fait une approche très protectrice de Ella en lui imposant des caresses plutôt chastes. La récompense pour avoir été un appât ?
À partir des deux tiers du livre, description de scènes de baisers plus rapprochées et utilisation d’un vocabulaire plus directement sexuel : page 397, « ton innocence me fait rire, me susurra- t- il à l’oreille et putain , qu’est ce qu’elle peut me faire bander !»
Tu sais…t’es la première femme que je ramène dans mon lit sans la baiser. »
La palme de la vulgarité revient à Ben : « Je n’ai pas littéralement baisé leur soeur elle m’a juste sucé et j’allais la baiser, l’un d’eux est entré dans la chambre sans frapper ».. "ensuite je me suis tiré comme une salope. »
Les scènes de crimes sont très sanglantes, et le contexte des meurtres est souvent la colère qui explique la multiplication des coups de feu sur les victimes souvent « achevées" par les « héros » du roman. Ces fusillades font évidemment penser à celles de certains films du Parrain à Scarface (la prise de drogue en moins) et certainement à de nombreuses séries contemporaines.
Une curiosité : dans le chapitre 32 dans lequel Ash raconte à Ella l’assassinat de son père et la traîtrise de son amante-captive, les protagonistes… se lavent les dents !
Les différentes de violence en dehors des scènes de crime sont celles des violences des hommes sur les femmes.
Nous avons fait le choix de citer largement les passages concernés :
Tirer par le bras, serra si fort, pressa, laisser des marques sur mon épiderme, on amputera bientôt mon bras car je ne sentais plus mon sang circuler, poser ses doigts sur mon bras pris par le poignet, pressa, fait grimacer.
Jurons, cris, objets fracassés (ce que l’héroïne entend depuis sa « chambre », qui installe climat d’anxiété).
Empêchée d’aller aux toilette (une trivialité qui accentue l’ effet de réel).
(à propos de John son premier possesseur) : Ella avait été battue lors de de tentatives d’évasion, (victime) de blessures non soignées (on comprend au fil du livre qu’elle était livrée à des viols répétés, une sorte de dévoiement du statut de Captive, censé être un travail et non de la prostitution).
Ash, page 43, deuxième chapitre : il brûle sa main sur une plaque électrique puis chapitre suivant à la fois la soigne et lui refait mal sur sa blessure (chapitre 38 Ben fera savoir à Ella qu’Ash regrette « il s’en veut » et Ella dit : « C’est parti maintenant fis-je comme si ça n’avait plus la même importance », « il n’est pas méchant… un peu sadique et égocentrique. »
Cette scène de brûlure apparaît très tôt dans le roman et installe un climat de violence.
La « conclusion » qu’en tire Ella tardivement nous a semblé très typique de l’argumentaire « d’excuses », de déni de l’horreur dans les récits de violences conjugales, voire ce que rapporte l’entourage de femmes victimes de féminicides.
Empoigne ses cheveux serre, sa mâchoire, « l’étrangle. »
Chapitre 8, la laisse sur le bord de la route puis lui ferme la porte, lui verse de l’alcool sur la tête et la fait dormir dehors dans le froid.
Ash se comporte en tourmenteur permanent, notamment en conduisant à très grande vitesse (cela revient au moins trois fois dans le roman) :
Fait semblant de démarrer la voiture, plusieurs séances de grande vitesse pour lui faire peur (on saura à la fin que la vitesse effraie particulièrement Ella en raison d’un trauma enfantin perpétré par son premier tourmenteur, son beau-père le Renard, cause direct de la mort de la mère d’Ella qui avait cherché à fuir en conduisant très vite).
Page 305 en l’absence apparente de réaction d’Ella à la provocation à la peur, Ash demande : « Tu t’es réveillée du mauvais pied ? Ou peut-être tu as tes règles ? » (Ella parlera de ses règles au chapitre 42 « Mes règles avaient décidé de débarquer pendant la meilleure période pour me déprimer un peu plus. Génial ».
Ash se sert d’Ella comme « cible » pour une séance de tirs.
Ash plonge Ella dans une piscine avec des serpents (qui sont en fait des jouets téléguidés mais bien sûr elle ne le sait pas puis quand elle l’apprend c’est un objet d’humiliation supplémentaire).
Scène de colère dans laquelle Ash terrorise Ella, la plaque au mur par le cou (chapitre 23).
Ces scènes amènent à des réactions de peur et de « haine » très ponctuelles, à effet très répétitif.
Néanmoins Ella affirme régulièrement ne pas être soumise, ne pas avoir peur alors, de n’être pas faible alors qu’objectivement la situation est effrayante.
L’autrice propose par la voix d’Ella une lecture psychologisante qui donne l’impression qu’Ella maîtriserait ce qui se passe, que les protagonistes seraient égaux dans leur relation.
Quelques exemples :
« Je refusais de perdre au jeu silencieux auquel nous jouions inconsciemment : percer la carapace de l’autre. Et tout ça pour une simple histoire de satisfaction personnelle et d’égo » (p.228).
« Il menait un combat contre lui-même et j’en étais la cause » : cette cause étant bien sur l’attraction qu’Ella inspire à Ash. Il ne sera jamais indiqué que ce dernier aurait un quelconque désir de changer son comportement violent.
« A travers ce baiser, on combattait nos réalités, nos passés et nos démons, nos angoisses et nos interdits ».
Une belle succession de lieux communs mais qui n’engendre aucun mouvement de révolte ni de résistance individuelle, ni encore moins collective !
A minima le livre ne passe pas le troisième critère du test de Bechtel14, c’est à dire une scène au moins où des femmes parlent de quelque chose sans rapport avec un homme : tout est focalisé autour du personnage masculin y compris les différents apartés entre les personnages féminins.
Peu de sororité entre les personnages : quelques mouvements de déploration de cette brutalité, quelques protestations marginales mais pas d’opposition déterminée envers les violences exercées qui confinent à la torture.
En revanche, Ella émet des avis très négatifs comme vis à vis de Sabrina sans qu’en dehors de son allure de brune nous ayons des arguments pour le comprendre.
Beaucoup plus pernicieux, la consolidation d’une idée masculiniste au chapitre 30 : si Ash est aussi odieux, c’est qu’une femme lui a brisé le coeur, le dédouanant de toute responsabilité :
« Cette femme même absente réussissait de par son prénom seulement à rendre l’atmosphère froide et hostile, empoisonnant les pensées et tuant peu à peu la moindre petite étincelle de bonheur que pouvait connaître Asher. » (Son ancien possesseur mais aussi son ex-petit copain). Elle l’avait brisé, elle l’avait changé, elle l’avait rendu exécrable. »
Chapitre 31 : « Il ne supportait plus les captives à cause d’elle. Elle était peut être la cause même de la mort des deux autres captives avant moi. Et de tout ce qu’il m’avait infligé au début de notre rencontre. »
Si un homme est violent, hurle, bois, tape, tue, cherchez la femme. Le message du livre : ce qu’une méchante femme a créé, l’amour peut le réparer ou la rédemption de la violence par l’amour.
Le personnage de Ben le dit à Ella : « De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas. Avant il voulait te voir morte, maintenant il pourrait mourir pour toi. »
Avec des conséquences « inattendues » :
« Avant je lui en voulais de me faire vivre un enfer sans aucune raison valable. Désormais je me retrouvais à lui en vouloir car il ne m’accordait pas l’attention que j’espérais. »
Mais l’expression de ses sentiments par Ella est comme l’ultime tabou. Elle lui dit qu’il est le « bout du tunnel qu’elle attendait ».. et évidemment Ash lui dit qu’il n’aurait jamais voulu le savoir. « Son indifférence me fit l’effet d’une douche froide. »
« J’avais honte d’avoir laisser des sentiment précieux s’échapper de ma bouche à travers des mots. »
Et hop : « je me sentais protégée et importante, je me découvrais et je devenais moi-même. Je me sentais à la maison. J’étais heureuse. »
Page 585, proche de la fin du livre, Ella se livre à une définition documentaire et précise de sa situation de victime, opérant une rupture avec le ton général du roman :
« J’avais été victime de proxénétisme… Bien sur j’avais été victime de viols, comme beaucoup d’êtres humains de par le monde. Le résultat était toujours le même : une lente descente aux enfers. Le déni, la confusion, les crises d’angoisse, la honte, l’anxiété, l’obsession de se laver, associée à cette impression constante d’être sale, les insomnies, les terreurs nocturnes, l’état de danger permanent, la sensation de ne pas avoir le contrôle de son corps. Qu’il était dissocié de notre esprit. Qu’il ne nous appartenait pas.
Le viol était pire qu’un meurtre, il pouvait tuer la personne et la laisser vivante. Le viol entait injustifiable, inconcevable et impardonnable……se relever. »
Certes les viols sont jugés injustifiables , « inconcevables et impardonnables » mais rien n’est dit des agresseurs, des violeurs.. des coupables. Une fois encore, « se relever » c’est son affaire à elle.. voire son devoir ?
Enfin assez logiquement dans ces rapports de domination le dernier mot du livre revient au personnage masculin.
L’épilogue est laissé aux « sentiments » d’Asher vis à vis d’ Ella :
"C’était devenu son « ange », sa « captive", sa « Ella ». Elle était à lui.
Lui qui prévoyait tout, jusque dans les moindres détails. Lui qui était si possessif. Est ce qu’il savait si elle allait revenir après qu’il lui avait fait parvenir cette enveloppe ? »
Cliffhanger : elle emporte un dossier dont on se dit qu’il ouvre la suite…
La question reste l’impact de ces lectures justifiant les violences des hommes et plaçant sa jeune héroïne en responsable, voire en coupable de ses malheurs. Loin d’une littérature émancipatrice, il semble que ces ouvrages vont au-delà des clichés de la littérature sentimentale vers une véritable réassignation à une place de dominées pour les femmes, dans un climat de danger effrayant et d’emprise, d’absence de solidarité entre les personnages féminins. Dans plusieurs ouvrages, la jalousie est très présente entre femmes.
La forme de « l’attraction » entre l’héroïne qui éprouve des sentiments amoureux et le héros qui semble incapable d’exprimer des sentiments et dont l’attirance ne semble que sexuelle est somme toute dérangeante.
Il reste encore beaucoup de questions, notamment autour des autrices pour la plupart de jeunes femmes, de l’influence des plateformes sur l’écriture même et peut être de la place que pourrait être amené à prendre l’Intelligence artificielle dans la suite de l’aventure Dark Romance.
Pour reprendre une vieille formule : de quoi la Dark Romance est elle le nom ?
Lire en contre point : La Littérature pour penser les violences sexuelles faites aux enfants. Henriette Zoughebi, Florence Schreiber « recueil » suivant le rapport public 2023 de la CIIVISE15.
Sarah Rivens, Captive (traduction en 10 langues)
Colleen Hoover, Jamais plus, 2016 (explosion des ventes à partir de 2021)
Scarlett Saint Clair, Hadès et Perséphone
Morgane Moncomble, As de Coeur et True Colors
Tanya Byrne
Jessi Kirby
Justine Pottier, Nous interdire d’aimer (1er dans la sélection du Parisien)
Elodie Faidherbe
Anna Zaires, L’enlèvement, tome 1 (premier vote sur booknode sur 85 livres )
Penelope Sky, Boutons, tome 1 : Boutons et dentelles (2e sur Booknode)
Penelope Douglas, Black Romance, tome 1 : Devil’s Night (3e sur Booknode: idem pour Le Parisien) et Dark Obsession
Laura M Black, Bloody Revenge (2e dans la sélection du Parisien)
Joyce Kitten, Bordeline
Laura Swan, Trouble maker
Tillie Cole
Vus à la Fnac: Océane Ghanem, L’ame bleue, Saga des âmes, tome 1
Pénélope Douglas, Dark Romance, tome 1 : Corrupt, Harper Collins
Les articles ci dessous sont issus de Wikipédia
Dessin animé Teen Titans : (Wikipédia) Teen Titans : Les Jeunes Titans se centre sur cinq super-héros et protagonistes adolescents — Cyborg, Beast Boy, Starfire, Raven et leur leader Robin — unis afin de former un groupe destiné à lutter contre le crime. Ensemble, ils doivent lutter contre divers adversaires, tels que les Hives Fives Braun et notamment Deathstroke, un étrange criminel borgne masqué aux intentions floues.
Stranger Things est une série télévisée américaine de science-fiction horrifique, créée par les frères Matt et Ross Duffer et diffusée depuis le 15 juillet 2016 sur Netflix. Elle compte en 2022 quatre saisons et trente-quatre épisodes. Une cinquième et dernière saison a été annoncée le 17 février 2022, celle-ci est prévue pour 2024.
L'ambiance de la série est fortement inspirée par les films fantastiques et de science-fiction et horreur des années 1980, puisant ses influences dans les œuvres de H. P. Lovecraft, Steven Spielberg, John Carpenter, John Hughes ou Stephen King.
Stranger Things est l'une des séries diffusées en streaming sur Netflix les plus regardées dans le monde.
Synopsis : L'intrigue s'étale sur plusieurs années, entre 1983 et 1986. Un soir de novembre 1983 dans la ville américaine fictive d’Hawking en Indiana, le jeune Will Byers, âgé de douze ans, disparaît brusquement sans laisser de traces, hormis son vélo. Plusieurs personnages vont alors tenter de le retrouver : sa mère Joyce, ses amis : Lucas Sinclair, Dustin Henderson et Mike Wheeler, guidés par la mystérieuse Eleven, une jeune fille ayant des pouvoirs psychiques, ainsi que le chef de la police Jim Hopper. Parallèlement, la ville est le théâtre de phénomènes surnaturels liés au Laboratoire national de Hawkins, géré par le département de l'Énergie des États-Unis (DoE) et indirectement par la Central Intelligence Agency (CIA), dont les expériences dans le cadre du projet MK-Ultra ne semblent pas étrangères à la disparition de Will.Scooby-doo (orthographié Scoubidou en France jusqu'en 2004) est une franchise américaine comprenant de nombreuses séries, téléfilms et films d'animation créée par les studios Hanna-Barbera.
Elle tire son nom de son personnage principal, un grand chien sympathique, gourmand et peureux, créé graphiquement par Iwao Takamoto et apparu pour la première fois en 1969 aux États-Unis dans la série Scooby-Doo, Where Are You !, réalisée par Joe Ruby et Ken Spears et diffusée sur le réseau CBS.
Totally Spies, série, raconte les aventures de trois amies et principales protagonistes : Samantha « Sam » Simpson, Clover Ewing et Alexandra « Alex » Vasquez, vivant ensemble en banlieue de Los Angeles, en Californie, et étudiantes au lycée Beverly High de Beverly Hills (dans les quatre premières saisons), puis à la fac de Mali-U (depuis la cinquième saison).
Étudiantes dans la vie de tous les jours, elles sont en réalité agents secrets, c'est-à-dire des espionnes professionnelles employées du WOOHP (signifiant World Office Of Human Protection), une organisation secrète de protection de l'humanité, située dans le centre-ville de Los Angeles. Les trois possèdent une même passion : le shopping au Groove ou sur Rodeo Drive. Leur patron, Jerry, ayant besoin de leurs services, les envoie en mission, après leur avoir fait revêtir des combinaisons intégrales moulantes en latex colorées (jaune pour Alex, rouge pour Clover, vert pour Sam) et leur fournit divers gadgets qui les aideront à mener à bien leurs enquêtes. Les héroïnes sont des jeunes filles modernes, indépendantes, athlétiques, sophistiquées, enthousiastes à la fois des aventures périlleuses, du maquillage et de la mode.
Harry Styles né le 1er février 1994 à Redditch (Angleterre), est un chanteur, musicien et acteur britannique.
En 2010, il participe à l'émission de chant The X Factor et forme le boys band One Direction avec Niall Horan, Louis Tomlinson, Liam Payne et Zayn Malik. Ils font une pause en 2016 pour une durée indéterminée à la suite du départ du chanteur Zayn Malik.
Son premier album, Harry Styles est publié sous le label Columbia Records en 2017. Il se classe parmi les dix meilleurs albums au Royaume-Uni et aux États-Unis. En 2019, son deuxième album, Fine Line se hisse dans les premières places des classements mondiaux. Début 2022, il annonce la sortie d'un single intitulé As It Was, issu de son troisième album Harry's House. Ce titre bat des records, en restant en tête des classements depuis sa sortie.
Le chanteur fait également ses débuts dans le cinéma, notamment avec le film Dunkerque de Christopher Nolan. Il apparaît dans les films Don't Worry Darling de Olivia Wilde et My Policeman de Michael Grandage. Lors de la sortie du film Les éternels produit par Marvel Studios, Styles fait un caméo à la fin, annonçant son rôle de Starfox.
Il est le premier homme à poser pour le magazine Vogue en 2020. L'année suivante, il dévoile sa marque de cosmétique non genrée, Pleasing. Une collaboration entre le chanteur et la maison de haute couture Gucci voit le jour en novembre 2022.
Howard Phillips Lovecraft, né le 20 août 1890 à Providence (Rhode Island) et mort le 15 mars 1937 dans la même ville, est un écrivain américain connu pour ses récits fantastiques, d'horreur et de science-fiction (Weird Fiction).
Ses sources d'inspiration, tout comme ses créations, se réfèrent à la notion d'horreur cosmique, selon laquelle l'être humain est insignifiant à l'échelle du cosmos qui lui est profondément étranger.
Edgar Allan Poe, né le 19 janvier 1809 à Boston et mort le 7 octobre 1849 à Baltimore, est un poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur américain, ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique — il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Stephen King né le 21 septembre 1947 à Portland dans le Maine, est un écrivain américain.
Il publie son premier roman en 1974 et devient rapidement célèbre pour ses contributions dans le domaine de l'horreur mais écrit également des livres relevant d'autres genres comme le fantastique, la fantasy, la science-fiction et le roman policier.
Harry Potter est une série littéraire de low fantasy écrite par l'auteure britannique J. K. Rowling, dont la suite romanesque s'est achevée en 2007. Une pièce de théâtre, considérée comme la « huitième histoire » officielle, a été jouée et publiée en 2016. Les livres et le script de la pièce ont été traduits en français par Jean-François Ménard.
La série de sept romans raconte les aventures d'un jeune sorcier nommé Harry Potter et de ses amis Ron Weasley et Hermione Granger à l'école de sorcellerie Poudlard, dirigée par Albus Dumbledore. L'intrigue principale de la série met en scène le combat de Harry contre Lord Voldemort, un mage noir à la recherche de l'immortalité ayant autrefois assassiné les parents du garçon. À la tête de ses fidèles adeptes, les Mangemorts, Voldemort cherche depuis des décennies à acquérir le pouvoir absolu sur le monde des sorciers et des Moldus (les humains dépourvus de pouvoirs magiques).
1 sur le site de la CIIVISE: https://www.ciivise.fr/wp-content/uploads/2023/11/CIIVISE_La-litterature-pour-penser-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants_web_compressed.pdf
Document accessible depuis cette page : https://www.ciivise.fr/le-rapport-public-de-la-ciivise/
ou sur le site de l’association Ideokilogramme https://www.ideokilogramme.fr/publications
2 Tribune parue dans Libération le 12 avril 2024 adressée au Président de la République “Les humiliations télévisuelles imposées aux femmes ne méritent pas de médaille contre la Légion d’honneur à Miche Sardou et Thierry3 (signée par Judith Godrèche, Camille Kouchner, Emmanuelle Béart, Antoine Gallimard, Olivier Assayas).
3 Article du Monde sur la montée du masculinisme « L’inquiétant regain du masculinisme », Claire Legros, 12 avril 2024.
4 Factuel Média Romain Vintillas 8 décembre 2023. ADN, Laura Coromines, 4 janvier 2024. Le Figaro, Claudia Cohen, Chloé Woitier, 29 janvier 2024.
5Définition de Wattpad sur son site, juillet 2023-« La plus grande communauté de narrateurs au monde. Abritant 97 millions de personnes qui passent plus de 26 milliards de minutes par mois à lire des histoires originales, Wattpad a démocratisé la narration pour une nouvelle cohorte d'écrivains de la Génération Z ainsi que pour leurs fans. »
6 Laure Colomines, Dark romance: les hommes toxiques; un proiduit comme les autres, https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/dark-romance-les-hommes-toxiques-un-produit-comme-les-autres/.
7 Laure Colomines, ibid.
8 Plus de 40 références presse en lien avec l’article Wikipedia septembre 23 et dans une grande variété de titres : presse sur l’actualité du livre (Livres-Hebdo) ; quotidien gratuit (20 minutes) ; quotidiens nationaux (Libération, Le Monde, Le Figaro, L’Humanité, La Croix) ; quotidiens régionaux (Sud-Ouest, Le Télégramme) ; hebdomadaire généralste (Marianne), presse féminine (Marie-Claire) ; journal télévisé (28 minutes d’Arte) ; chaîne de radio destinée aux jeunes (Mouv’) mais aussi des sites de presses spécialisés sur les tendances comme ADN). En juin 2023 la journaliste Constance Villanova fait paraitre dans Libération l’article le plus complet à ce jour sur le sujet, « La dark romance sur BookTok, sexisme d’un nouveau genre ». En mars 2024, l’autrice en fera une déclinaison graphique( visuels Lucas Burtin ) pour la revue de Bandes dessinées Topo destinée aux adolescents.
9 « chick lit » ou « chick literature » désigne depuis 1996 des romans et comédies sentimentales écrits par des femmes à destination du public féminin.
10 Sur le site de BMR « Parce qu’on adore la romance et qu’on assume. Parce qu’on craque pour les beaux mecs rebelles, même si ce sont des héros de papier. Parce qu’on n’a pas peur de brandir nos couvertures fluos dans le métro. Parce qu’on adore parler de sexe et d’amour avec nos copines. Parce qu’on lit tout le temps, sur tous supports et dans toutes les positions… Pour toutes ces raisons on a créé BMR, l’éditeur de la romance sans complexe ».
12 https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/reportage/reportage-du-mercredi-22-decembre-2021-5723867.
13 Qui est Miley Cyrus ? Par Gaëlle Maisonnier. Par Gaëlle Maisonnier. https://www.melo-app.com/notice/miley-cyrus.
14 Le nom du test fait référence à un comic strip de la dessinatrice Alison Bechdel intitulé La Règle (The Rule en version originale) paru en 1985 dans sa bande dessinée Lesbiennes à suivre. Dans ce strip, une femme propose à une autre de l'accompagner au cinéma, mais la deuxième répond qu'elle ne regarde que des films qui respectent trois règles, qui correspondent à ce qui sera appelé par la suite le test de Bechdel. Après avoir lutté pour trouver un film qui respecterait ces trois règles, les deux femmes décident finalement d'aller manger du pop-corn. Les critères du test de Bechtel : il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre. qui parlent ensemble et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.
15 https://www.ciivise.fr/wp-content/uploads/2023/11/CIIVISE_La-litterature-pour-penser-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants_web_compressed.pdf.