Dominique Lahary
Aphorismes expliqués

au sujet des bibliothèques

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18 Le livre pourrait, quoi qu'on souhaite par ailleurs, (re)devenir l'essentiel de l'offre des bibliothèques.
Introduit le 9 novembre 2003
  La citation exacte est : " Si les séquences audiovisuelles se prêtent à terme à un accès à distance, le support convenable aux séquences textuelles restera probablement le papier. Ainsi le livre pourrait-il, pour des raisons techniques et quoi qu'on souhaite par ailleurs, (re)devenir l'essentiel de l'offre des bibliothèques ."
Cette remarque figure en note d'un texte rédigé en 1993 à la suite d'une intervention orale. Elle renvoie à un développement intitulé " À quoi bon des bibliothécaires ? ".
J'imaginais alors que le numérique rend possible la diffusion de séquences sonores, visuelles et audiovisuelles sans support matériel amovible.
J'ai repris la notion de séquence, que j'oppose à celle de ressource accessible ou feuilletable par requête (ce qui correspond à l'opposition entre accès séquentiel et accès indexé) en 2000 dans un texte sur le multimédia.
En 1993 je ne songeais qu'à la technique. En 2003, force est de constater que des usages se sont installés et qu'une économie se cherche.
D'un côté, un modèle du gratuit qui n'a rien à voir avec le service public s'impose dans une partie de la population et pour une partie de l'offre culturelle (pour simplifier, les jeunes et leur musique).
De l'autre, les éléments d'une offre marchande en ligne se mettrent en place et l'avenir du support CD est incertain.
C'est pourquoi, dix ans après, j'assume cette phrase. Je préciserais simplement : " Le livre et Internet ", non parce que les bibliothèques auraient un quelconque rôle central en la matière (comme le livre, Internet est partout), mais parce que l'Internet banalisé, étant partout, est aussi à la bibliothèque.
Réf. :
17 Si quiconque, entrant dans une bibliothèque, n'y décèle rien qui lui soit déjà familier, alors il lui est signifié, j'ose dire avec violence, que cet endroit n'est pas pour lui.
Introduit le 19 octobre 2003
  J'ajoutais : " En ce sens, exclure des livres, ce peut être aussi, du même coup, et quelles que soient les intentions, exclure des gens ."
Avant même qu'on débatte de toute politique documentaire, il me paraît évident que le lieu bibliothèque s'impose à toute personne y pénétrant et lui adresse, à elle, des signes. Quoi qu'on pense de la légitimité de proposer ceci ou cela, le fait de ne donner aucune prise à quelqu'un, de lui asséner un stock d'abolue étrangeté, l'exclut immédiatement.
Il ne s'agit d'ailleurs pas seulement d'offre documentaire. La disposition des locaux, l'accueil, participent également de ce faisceaux de signes.
Comme le proclamait une agence de recrutement : " on n'a jamais une seconde chance pour faire une première impression. "
Réf. :
16 Le statut, c'est comme le rire selon Bergson : du mécanique plaqué sur du vivant.
Introduit le 19 octobre 2003
  La citation exacte est : "  Décrire des métiers, c'est d'abord et avant tout décrire des trajectoires et des passerelles. Et le statut dans tout ça ? C'est le rire selon Bergson : du mécanique plaqué sur du vivant  ".
J'entends par là que la gestion des ressources humaines par les encadrants comme la gestion de son propre parcours par chacun obéit à des logiques complexes sur lequel le cadre statutaire de la fonction publique ne fait que se plaquer, facilitant parfois, perturbant souvent les processus par son fonctionnement mécanique.
Réf. :
15 Être bibliothécaire, c'est se situer par rapport au public. Si possible, ailleurs qu'au-dessus.
Introduit le 13 octobre 2003
  Il s'agit de la dernière phrase d'une intervention faire lors d'une journée d'étude organisée à Saint-Cloud par Médiadix le 13 mai 2003.
J'entendais proposer de repositionner le métier de bibliothécaire par rapport au public et proposant une attitude de partenaire, alors que je nous observe plutôt dans la posture supérieur du sélectionneur, du dispensateur, de l'observateur.
Le compte rendu qu'a fait le Bulletin des bibliothèques de France de cette journée d'étude se termine par les deux phrases suivantes : " Citant Michel Bouvy, " être bibliothécaire, c'est savoir se situer par rapport au public ", Dominique Lahary ne put s'empêcher d'ajouter : " Si possible, ailleurs qu'au-dessus. " "
En réalité, après avoir fait une longue citation de Michel Bouvy (4), j'ai moi-même conclu par ces deux phrases que j'assume dans leur totalité.
Voilà comment naît une citation apocryphe. Que Michel Bouvy, peut-être, ne renierait pas.
Réf. :
  • Des référentiels aux professions : éléments de synthèse sur le(s) métier(s) de bibliothécaire [Support d'intervention], Journée d'étude sur les évolutions professionnelles dans les bibliothèques, Médiadix, 12 mai 2003 :
    http://www.lahary.fr/pro/2003/metier-mediadix.ppt
  • Les évolutions professionnelles dans les bibliothèques et les référentiels de métiers : [compte rendu de la journée d'étude du 12 mai 2003 organisée par Médiadix] : Annie Le Saux, Bulletin des bibliothèques de France, 2003, n°5 :
    http://bbf.enssib.fr/bbf/html/2003_48_5/2003-5-p92-lesaux.xml.asp
14 Les bibliothèques ont bien sûr des missions, mais [...] ce qui est intéressant aussi ce sont leurs fonctions.
Introduit le 9 septembre 2003
  La citation exacte est :
Les bibliothèques ont bien sûr des missions, mais les missions c'est de que nous avons dans la tête, ce que nous voulons faire. Ce qui est intéressant aussi ce sont les fonctions, c'est-à-dire ce que le public fait réellement des équipements et des services que nous mettons à sa disposition. Il ne faut jamais perdre de vue les deux et mettre sans cesse en rapport les unes avec les autres. "
Le management et l'évaluation des bibliothèques en fonction des seuls objectifs affichés prive les utilisateurs de tout rôle dans la définition de ceux-ci. Sur le plan de la réalité, cela revient à un management de l'intention, aussi vain que l'est une morale de l'intention quand il s'agit de rechercher ou d'assumer des responsabilités.
Le public utilise les services des bibliothèques pour autre chose que ce que ses concepteurs et gestionnaires imaginent. Il est indispensable de reconnaître cette marge d'autonomie et d'en tenir compte pour redéfinir les objectifs.
Ceci n'empêche évidemment pas de choisir : tout n'est pas légitime ni même légal, tout ne relève pas de l'action publique.
J'avais introduit cette idée pour la première fois dans mon texte Pour une bibliothèque polyvalente, en plaidant pour une réconciliation " [des] missions (proclamées par nos tutelle ou par nous-même) et [des] fonctions (constatées par l'observation ou la mesure de l'usage effectif des publics) ".
Réf. :

13 La médiation ? D'accord. Mais dans les deux sens !
Introduit le 10 mars 2003
  Dans le cadre d'un texte plaidant pour placer la médiation au coeur du métier de bibliothécaire, j'ai voulu préciser la médiation ne pouvait s'entendre unique.
La médiation peut être une transmission de savoirs, de documents, fondée sur une certaine conception des missions intellectuelles et culturelles des bibliothèques.
Mais elle doit également donner la parole, donner du pouvoir aux utilisateurs, dans l'accès aux ressources, mais aussi dans la constuction des politiques documentaires.
La " connaissance des publics " n'a pas seulement pour but de savoir à qui nous allons transmettre ; elle doit nous permettre aussi de trouver les moyens de satisfaire leurs attentes légitimes.
Réf. :

12 La propriété c'est le vol.
Introduit le 10 mars 2003
  J'ai repris la formule de Pierre-Joseph Proudhon pour contester la façon dont chaque bibliothèque à tendence à être centrée sur sa propre collection. J'y oppose la notion de collection globale, accessible sur place ou à distance, par les réseaux ou le prêt entre bibliothèques.
Cette vison met l'accent sur l'accès plutôt que sur la propriété, mais aussi sur la médiation plutôt que la collection.
Réf. :

11 La bibliothèque c'est la narration et la documentation.
Introduit le 16 novembre 2002
  Cette formule m'est venue lors des débats des journées d'étude de l'ADBDP de novembre 2002 sur les BDP et l'action culturelle. Il s'agissait de justifier l'action des bibliothèques dans le domaine de la littérature orale. J'ai défendu l'idée selon laquelle de même que le texte ne se manifeste pas que sur le papier, la narration de se manifeste pas que dans le taxte et que les bibliothèques sont fondées à la diffuser sous toutes ses figures.
J'avais attiré l'attention sur la narration en 2000 dans mon article Le multimédia et les bibliothécaires . une histoire de mots en assignant aux bibliothèques le rôle de diffuseur de séquences narratives, pour lesquelles le multimédia est peu fait.
Puis, dans Pour une bibliothèque polyvalente : à propos des best-sellers en bibliothèque publique j'avais développé l'idée selon laquelle la bibliothèque répondait à des besoins de narrations, que ces dernières soient classées par les bibliothécaires dans les fictions ou les documentaires.
L'aphorisme réunit les deux aspects du service rendu par la bibliothèque : la narration et à la documentation, ce dernier terme renvoyant aux informations intellectuelles, factuelles ou pratiques.
Réf. :

10 L'important c'est l'externalisation, dont la coopération n'est qu'une des formes.
Introduit le 16 novembre 2002
  On célèbre généralement la coopération. Une des justifications en est que aucune bibliothèque n'est autosuffisante, selon la formule de Michel Melot. Mais il y a souvent dans la célébration de la coopération entre bibliothèques deux contenus implicites qu'on peut contester :
  • il est bon en soi de coopérer ;
  • ah que les bibliothécaires se sentent bien de coopérer ensemble.
Le premier contenu relève d'une sorte de morale de l'agir ensemble, le second de l'enfermemeaccroître le temps consacré à une tâche.
S'il n'est pas raisonnable dans une bibliothèque de tout faire, alors il faut accepter de le laisser faire par d'autres : c'est l'externalisation.
La coopération entre bibliothèques en est une des modalités parmi d'autres, pour autant que le but recherché (fait plus et/ou mieux en moins de temps et/ou d'argent) est atteint.
Réf. :

9 Le partage documentaire ce n'est pas se mettre d'accord avec d'autres pour choisir son fonds, c'est le laisser choisir par d'autres.
Introduit le 16 novembre 2002
  On présente souvent la coopération en matière documentaire comme pouvant se traduire par une répartition concertée des fonds. Dans ce modèle, chaque unité contitue à choisir son propre fonds.
On peut au contraire soutenir que le véritable partage consisterait à répartir les domaines, pour plus d'efficacité, quel que soit le lieu où seront localisés les doculents concernés.
Cette proposition s'oppose à la tendance implicute de chaque équipe à garder tout le pouvoir sur le fond qu'elle gère.
Réf. :
  • Portails et coopération entre bibliothèques : Ensemble, servons le public grâce à Internet !, intervention au journées Pour un partage documentaire au service des publics, Conseil général du Val-de-Marne, Créteil, 7-8 novembre 2002.
    http://www.lahary.fr/pro/2002/portail.ppt.

8 Mieux vaut le bruit que le silence.
Introduit le 16 novembre 2002
  Quand j'oppose la rusticité et l'efficacité des outils ordinaires de recherche à l'inefficacité (pour les utilisateurs) des catalogues classiques des bibliothèques, et explique cette inefficacité par la gestion des accès par autorité, on met répond généralement que ce que je propose aboutirait à du bruit(3). Je répond que pour les utilisateurs, ce qui est pire, c'est le silence(2) à quoi aboutissent généralement les accès aux catalogues fondés sur un langage documentaire, y compris pour les recherche spar auteur exigeant qu'on indique le nom avant le prénom.
Les utilisateurs d'outils de recherche sur Internet ont l'habitude de feuilleter des listes de résultats. L'obsession du bruit repose sur l'illusion d'une recherche exacte à laquelle seule peuvent parvenir ceux qui maîtrisent parfaitement un langage documentaire ainsi que son application dans la base de donnée.
Réf. :

7 Il n'est pas très important de demander une loi sur les bibliothèques mais il est très important que les bibliothèques soient dans les lois.
Introduit le 16 novembre 2002
  Les bibliothécaires notamment par le biais de leurs associations réclament rituellement une loi sur les bibliothèques. Cette demande récurrente reçoit toujours du ministère de la Culture un accueil poli mais n'aboutit jamais. Elle exprime un besoin identitaire de reconnaissance sacralisé par la loi : logique de distinction.
Le plus efficace pour la confirmation et le renforcemlent du rôle des bibliothèques dans la société, serait plutôt qu'elles soient présentent dans toutes les lois pouvant les concerner directement ou indirectement : logique d'intégration.
Citation exacte :
" Je pense qu'il n'est pas très important de demander une loi sur les bibliothèques mais qu'il est très important que les bibliothèques soient dans les lois, par exemple dans la ou les lois qui vont transposer en droit français la directive sur la propriété intellectuelle dans la société de l'information. Dans tous les domaines de législation où les bibliothèques sont directement ou indirectement concernées elles doivent être chaque fois que nécessaire mentionnées, ce qui serait la manifestation que la bibliothèque n'est plus close dans son monde, protégée par l'État et par une loi que ne concerne qu'elle, mais qu'elle est conquérante et surtout ouverte, bien en vue dans tous les dossiers où elle a un rôle à jouer au service des citoyens. "
Réf. :

6 Une bibliothèque publique à la française, c'est un établissement où on passe beaucoup de temps à faire autre chose qu'accueillir le public.
Introduit le 16 novembre 2002
  On passe dans les bibliothèques publiques françaises beaucoup de temps à constituer et traiter les collections, bibliothèque par bibliothèque, et les horaires d'ouverture sont dans l'ensemble très insuffisants(1). Ce modèle tend à dupliquer à l'infini, de la plus grande à la plus petite bibliothèque, un fonctionnement qui ne permet pas de dégager suffisamment de temps pour l'accueil du public.
Seule l'externalisation, comprenant un véritable fonctionnement en réseau, permettrait d'améliorer la situation.
Réf. :

5 Un réseau ça n'a ni queue ni tête.   Schéma
Introduit le 16 novembre 2002
  On représente souvent un réseau sous une forme hiérarchique, avec une tête. C'est ainsi que la " tête " présente généralement les choses.
Mais si on se place du point de vue d'un membre du réseau, la vision est toute différente: il est en relation avec la " tête ", sans forcément percevoir d'autres membres comme ses partenaires, et il est par ailleurs engagé dans des relations avec d'autres partenaires.
Finalement chacun est inséré dans une pluralité de réseaux.
Quant aux utilisateurs, ils ne perçoivent pas tant les réseaux que des points de service... et le grand réseau global que constitue Internet.
Réf. :
  • Les réseaux du Val d'Oise & autres considérations oiseuses, journée des pôles associés de la BnF sur le thème Les réseaux changent-ils de siècle ?, 4 juillet 2000 .
    http://www.lahary.fr/pro/bnf062000/p3.htm (biscuit no4).
  • À quoi bon des outils collectifs ?. Journée d'étude Catalogues collectifs et récupération de données, Médiadix, 18 octobre 2002 :
    http://www.lahary.fr/pro/2002/aquoibon.ppt.
  • Portails et coopération entre bibliothèques : Ensemble, servons le public grâce à Internet !, intervention au journées Pour un partage documentaire au service des publics, Conseil général du Val-de-Marne, Créteil, 7-8 novembre 2002.
    http://www.lahary.fr/pro/2002/portail.htm.

4 Il ne faut pas tant mettre les bibliothèques en réseau que mettre les bibliothèques dans les réseaux.
Introduit le 16 novembre 2002
  Avec la généralisation des réseaux, les bibliothèques ne prendront toute leur place qu'on étant présentes dans les réseaux en général, plutôt qu'en constituant des réseaux particuliers.
Les réseaux de bibliothèques sont certes utiles, mais non suffisant, car elles consacrerait la fermeture des bibliothèques sur elles-mêmes.
Réf. :
  • " Les réseaux ne bibliothèque ne sont-elles pas une forme primitive de réseau ? Il s'agit moins de mettre les bibliothèques en réseau que de mettre les bibliothèques dans le(s) réseau(x). "
    Les réseaux du Val d'Oise & autres considérations oiseuses, journée des pôles associés de la BnF sur le thème Les réseaux changent-ils de siècle ?, 4 juillet 2000 .
    http://www.lahary.fr/pro/2000/bnf062000/p3.htm (biscuit no2).
  • " Le catalogue collectif comme instrument de localisation, c'est encore la localisation, disions-nous, et l'accessibilité est soumise au temps de déplacement de l'utilisateur ou du document. C'est pourquoi un réseau de bibliothèque est peut-être une forme primitive de réseau. "
    Du profil de poste au métier, in Bulletin d'informations de l'ABF n°164, 1994.
    http://www.lahary.fr/pro/1994/ABF164-metier3.htm

3 Il faut aimer son logiciel.
Introduit le 16 novembre 2002
  Cette formule n'alla pas de soi pour l'éditeur qui voyait une contradiction entre une technique et une donnée affective. Pourtant, chaque individu personnellement, éventuellement chaque équipe collectivement, construit une relation avec un outil comme l'est un logiciel de gestion de bibliothèque. Plus la relation est bonne, mieux on se sert de l'outil. De même, quand on dit qu'il est bon de parler à ses plantes, cela ne signifie pas que les paroles agissent sur elle, mais que le fait qu'on instaure une relation fait qu'on s'en occupera mieux, donc qu'elle se portera mieux, pour autant que les soins soient adaptés.
Je suis frappé de constater qu'un même logiciel suscite des commentaires contradictoires d'une bibliothèque à l'autre. Quand on a pris en grippe un outil, on s'empêche de l'utiliser à son profit.
Bien sûr, ce problème de relation ne se réduit pas à l'outil en lui-même, il concerne aussi les autres utilisateurs, ainsi que le fournisseur. Instaurer une relation efficace et pertinente avec le fournisseur améliore la qualité d'utilisation d'un produit.
Réf. :
  • Le métier de bibliothécaire / Association des bibliothécaires français. - [10e édition rev. et augm.]. - Paris : Éd. du Cercle de la librairie, 1996. Chapitre L'informatisation des bibliothèques.

2 Alors, il reviendra sûrement à des gens qu'on appellera bibliothécaires de continuer à organiser un grand service public de la surprise..
Introduit le 16 novembre 2002
  Un des risques que ferait courir une gestion purement consumériste de la culture et le d'information serait de ne produire, reproduire et conserver que des oeuvres explicitement demandées par des consommateurs. Or toute oeuvre d'art, toute oeuvre de l'esprit (comme d'ailleurs toute découverte scientifique ou technologique) est par définition l'imposition par surprise de l'acte d'un créateur à un public qui ne l'attendait pas. Préserver la surprise que représente toute oeuvre pour la proposer et la diffuser fait partie des missions irremplaçables des bibliothèques.
(Ma formule venait après une citation de Philippe Breton sur l'interactivité).
Réf. :

1 Prenons garde que nos formats d'échanges ne nous permettent que d'échanger entre nous.
Introduit le 16 novembre 2002
  Il s'agissait de mettre en garde sur la clôture que peuvent représenter les formats d'échanges utilisés par les seuls bibliothèques. Ceux-ci ont certes permis de décloisonner les bibliothèques entre elles et d'éviter de nombreuses saisies redondantes, mais le fait qu'ils n'aient pas été adoptés par d'autres secteurs constituent, à l'âge de la globalisation de l'information, un handicap sérieux. Il importe désormais que les bibliothèques rejoignent des standards partagés par tous les secteurs concernés par un type d'information (par exemple : toutes les professions du livre).
Réf. :


Notes

(1) " Ce qui ne manque jamais d'étonner les bibliothécaires allemands, c'est la disproportion entre l'effectif du personnel et les heures d'ouverture. Nous constatons régulièrement que bien que les bibliothèques françaises disposent de plus de personnel que les bibliothèques allemandes, elles n'en continuent pas moins à offrir beaucoup moins d'heures d'ouverture. [...] On a l'impression que chaque bibliothèque travaille pour elle-même et qu'il n'existe pas de dispositif de coopération qui pourrait réduire les charges de travail interne du personnel, notamment en matière de constitution des fonds et de catalogage. " (Peter Borchardt, Les bibliothèques de lecture publique vues d'Outre-Rhin, in Bulletin des bibliothèques de France n°5, 2002, pp. 36-39)

(2) Silence : " Dans une recherche documentaire, il y a silence lorsque des documents pertinents répondants à une question et existant dans la mémoire ne sont pas sélectionnés par une interrogation " (ibid.)

(3) Bruit : " Toute réponse non pertinente à une recherche documentaire " (Vocabulaire de la documentation., 2ème éd., Afnor, 1993).

(4)  " Ou bien la bibliothèque est considérée comme une institution éducative contenant des ouvrages qui procurent aux lecteurs information et récréation, mais une récréation associée à une certaine dose d'imagination créatrice. La collection comprendra alors seulement des livres qui d'une manière ou d'une autre tendent au développement et à l'enrichissement de la vie. Ou bien la bibliothèque est considérée comme une institution démocratique dont les charges incombent à la communauté, chacun de ses membres pouvant prétendre y trouver ce qu'il souhaite lire. Il va sans dire que le bibliothécaire choisit et établit un certain compromis, et sa clientèle sera précisément le reflet de ce compromis. Je penche personnellement pour la bibliothèque institution démocratique. " (Michel Bouvy, " Démocratie et choix des livres ", in : Médiathèques publiques n°51, [décembre] 1979).


http://www.lahary.fr/pro/aphorismesexpliques.htm